Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/387

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soignés et choyés par de bonnes femmes, dit mistress Tom Toller.

— Et la pauvre Henriette en a été une bonne femme, dit mistress Plymdale. Elle regarde son mari comme le premier des hommes. Il est vrai qu’il ne lui a jamais rien refusé.

— Eh bien, nous verrons ce qu’elle fera, conclut mistress Hackbutt. Elle ne sait rien encore, je suppose, la pauvre créature ! Je pense et j’espère ne pas la voir, car j’aurais une peur mortelle de laisser échapper quelque chose sur son mari. Croyez-vous qu’elle ait eu vent de quelque chose ?

— Je ne le pense guère, dit mistress Tom Toller. J’ai entendu dire qu’il était malade et n’était pas sorti de chez lui depuis la réunion de jeudi ; mais elle était hier à l’église avec ses filles ; elles avaient des chapeaux neufs, de paille d’Italie. Le sien était garni d’une plume. Je ne me suis jamais aperçue que sa religion jouât le moindre rôle dans sa toilette.

— Quant à savoir ce qui est arrivé, on ne pourra pas le lui cacher longtemps, dit mistress Hackbutt. Les Vincy le savent, car M. Vincy était à la réunion. Ce sera un grand coup pour lui. Il y a sa fille aussi bien que sa sœur.

— Oui, sans doute, opina mistress Sprague. Personne n’admet que M. Lydgate puisse continuer à tenir la tête haute à Middlemarch ; les circonstances de cet emprunt de mille livres qu’il a accepté tout juste après la mort de cet homme ont une tournure bien louche.

— Il faut que l’orgueil soit rabaissé, dit mistress Hackbutt.

— Je ne suis pas aussi fâchée pour Rosemonde Vincy telle qu’elle était, que je le suis pour la tante, insinua mistress Plymdale. Elle avait besoin d’une leçon.

— Je suppose que les Bulstrode s’en iront vivre quelque part