Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/503

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qu’il persévérait dans son intention d’annuler la substitution de ses biens ; et le jour où sa plume commit cette action hardie d’inviter les Ladislaw, il alla à Freshitt tout exprès pour donner à entendre que cette démarche énergique s’imposait de plus en plus à ses yeux, comme précaution contre tout mélange de sang plébéien chez l’héritier des Brooke.

Mais on était au hall ce matin-là dans une grande émotion. Célia, une lettre à la main, pleurait silencieusement ; et quand sir James, peu habitué à la voir en larmes, s’informa avec inquiétude de quoi il s’agissait, elle éclata en plaintes telles qu’il n’en avait encore jamais entendu d’elle.

— Dorothée a un petit garçon. Et vous ne voulez pas me laisser aller auprès d’elle. Et je suis sûre qu’elle voudrait me voir. Elle ne saura pas s’y prendre avec le baby, elle fera les choses tout de travers. Et on a cru qu’elle allait mourir… Oh ! c’est affreux ! Supposez que ce fût moi et le petit Arthur, et qu’on eût empêché Dodo de venir me voir ! Je voudrais que vous fussiez moins cruel, James.

— Bon Dieu ! Célia, dit James très affecté, que désirez-vous ? Je ferai tout ce que vous voudrez. Je vous conduirai à Londres demain, si c’est votre désir. Et Célia le désira.

M. Brooke arriva sur ces entrefaites, et rencontrant le baronnet dans la propriété il se mit à causer avec lui, ignorant les nouvelles que sir James, pour quelque raison particulière, ne tenait pas à lui communiquer tout de suite. Mais lorsqu’il fut de nouveau question de la substitution des biens :

— Mon cher monsieur, dit sir James, ce n’est pas à moi à vous dicter votre conduite. Tout ce que je sais, c’est que pour ma part, je laisserais cela en paix. Je laisserais les choses comme elles sont.

M. Brooke fut si surpris qu’il ne se rendit pas compte