Page:Eliot - Silas Marner.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cessation graduelle de l’agitation qu’il avait causée à Raveloe. L’absence de Dunstan Cass fut à peine le sujet d’une observation : une fois déjà auparavant, il avait eu une querelle avec son père, et était parti personne ne savait où. Au bout de six semaines il était revenu reprendre ses anciens quartiers sans rencontrer d’opposition, et faire le fanfaron comme à l’ordinaire. Sa famille elle-même, qui s’attendait également à cette issue, avec cette seule différence que le squire était déterminé cette fois à lui interdire les quartiers en question, ne mentionnait jamais son absence, et, lorsque son oncle Kimble et M. Osgood la remarquèrent, la nouvelle qu’il avait tué Éclair et commis quelque offense contre son père, suffit pour empêcher qu’on en fût surpris. Rapprocher le fait de la disparition de Dunsey avec celui du vol arrivé le même jour, c’était une chose bien éloignée du cours ordinaire des pensées de tout le monde, même de celles de Godfrey, qui avait de meilleures raisons que n’importe qui pour savoir ce dont son frère était capable. Il ne se souvenait pas que Dunsey et lui eussent mentionné entre eux le nom du tisserand depuis douze ans, époque de leur enfance où c’était leur amusement de se moquer de lui. En outre, son imagination trouvait toujours un alibi[1] pour Dunstan : il se le représentait continuellement dans quelque repaire en harmonie avec les goûts qu’il lui

  1. Présence d’une personne dans un autre lieu que celui où a été accompli le crime ou le délit. (Littré.)