Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/162

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apparitions telles que ces bras étranges, « tordus comme des fouets ».

Maintenant, les Esprits, de leurs sièges, assistent à la cérémonie qui se déroule. Mais le barde chante « l’histoire de la race », envoie son salut aux Dieux, met l’ivresse dans les cœurs ; les Dieux s’émeuvent, l’orage atteint son paroxysme, la foudre éclate, et dans la tourmente de la nature les formes divines s’agitent plus fantastiques :


Et les Dieux se levaient, tordant au fond des cieux
Leurs bras géants, avec des flammes dans les yeux,
Et, tels qu’une forêt aux immenses feuillages,
De leurs cheveux épars balayant les nuages.


Pour nous, c’est l’orage qui se déchaîne ; mais le poète fournit en même temps l’explication surnaturelle que se donnaient les païens : les Dieux aussi sont excités, transportés par le chant religieux qui a déroulé les « splendeurs de leur gloire passée », eux aussi, ils sont « ivres de souvenir ».

Après le coup de foudre, dit ensuite le récit, tout rentra dans le calme, la mer s’assoupit,


Et tous les fils de Math se rassirent ;


cela est significatif ; mais remarquons de plus cette comparaison :