disparus, et avec eux les cérémonies sacrées, la muse aussi n’a plus qu’à mourir. La vraie et grande poésie doit-être un hymne, a l’hymne aux Dieux heureux. » C’est pourquoi, ici, et dans l’Anathème, et dans la Paix, Leconte de Lisle ne regrette pas les Dieux sans regretter en même temps les lyres et les chants[1].
Ainsi donc, alors que les grandes religions spiritualistes à la façon du christianisme opposent brutalement l’humain et le divin, le paganisme les unit, établit entre eux un lien qui ne se détache qu’à la mort des religions[2]. C’est ce qu’Hypatie appelle :
De la Terre et du Ciel concours harmonieux[3].
Ménard dit quelque part que le peuple grec était « habilué à voir l’idéal à travers le réel et à trouver le divin dans l’humanité[4] ». L’idéal à travers le réel, ces mots peuvent servir de commentaire à une pièce un peu énigmatique de Leconte de Lisle, l’Aurore, qui n’est pas des plus belles, mais dont l’importance
- ↑ Cf. Ménard, Préface des Poèmes, p. IV. « Aux vieux âges, dit la Poésie, je suis née dans les temples ; peut-être le monde aura-t-il quelque jour besoin d’une religion, et, pour chanter des hymnes, il faudra bien emprunter ma voix »
- ↑ L’Anathème : « Et, de l’homme et du ciel détachant le lien… »
- ↑ Hypatie et Cyrille [Poèmes antiques, p. 287].
- ↑ Polythéisme hellénique, p. 349.