Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/178

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tation est la plus barbare, celle des Scandinaves les Ases sont les dignes frères des Olympiens :


Voici qu’il engendra les Ases bienheureux.
Les purificateurs du chaos ténébreux,
Beaux et pleins de vigueur, intelligents et justes.
Et les Ases, assis dans le palais d’Agard
Embrassent l’univers immense d’un regard !
Modérateur du monde et source d’harmonie,
Ils répandent d’en haut la lumière bénie…[1]


Modérateurs est certainement le mot qui caractérise le mieux le rôle des Dieux païens. Ils ont pour fonction de maintenir l’harmonie dans le monde, et parla, quoi qu’en ait dit Ménard, qui tenait absolument à ce que le polythéisme fût d’essence républicaine, ils méritent bien le nom de maîtres, de rois ; mais ce ne sont pas des maîtres despotiques. Les rapports entre l’homme et les Dieux ne sont pas ceux de seigneur à esclave, ce se ni de véritables rapports d’amitié. Les « divins amis de la race choisie », tel était le nom donné tout à l’heure aux Dieux helléniques[2] ; et Khiron, racontant sa vie heureuse de jadis, n’oublie pas ce trait :

  1. C’est l’expression même de la Paix des Dieux sur les
    Olympiens.
  2. Et encore dans les Érinnyes, où cependant un autre élément est intervenu, partie I, scène V [Poèmes tragiques, p. 184].
    Je vous salue, amis divins des Atréides.