Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/215

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gieux, l’opposition du paganisme et du christianisme, quoique toujours favorable aux païens, n’entraîne pas une hostilité systématique. Dans Hypatie et Cyrille, quoique la sympathie intime soit, bien entendu, du côté d’Hypatie, Leconte de Lisle n’a rien écrit de contraire à une appréciation équitable. Ce n’est que vers 1860 que ses dispositions apparaissent toutes changées ; elles se manifestent même par une petite méchanceté bien caractéristique. Le recueil qu’il préparait alors devait recevoir le titre de Poésies barbares. Si l’on consulte la Revue contemporaine où les différentes pièces ont paru successivement, on verra que ce nom apparaît pour la première fois, le 31 octobre 1858, comme le titre commun de la Vision de Snorr et de la Mort de Sigurd, deux pièces dont l’une est chrétienne[1] et l’autre païenne, mais dont le caractère commun est d’être des pièces Scandinaves : c’est donc des Scandinaves que vient ce nom de barbares. Or, écrivant à Bénézit[2], Leconte de Lisle explique ce titre tout autrement ; il parle d’un « volume de vers consacré en majeure partie au judaïsme[3] et au catholicisme et intitulé :

  1. Et encore la Vision de Snorr est-elle toute pleine d’une vieille mythologie païenne.
  2. Le 22 octobre 1860.
  3. Il écrivait à ce moment la Vigne de Naboth, parue dans la Revue contemporaine le 30 novembre de la même année.