Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 32 —

une expression aussi théologique que grâce qui ne soit venue sous sa plume[1], Les principes de conduite enfin : en adepte sérieux et sincère, il aura soin d’appliquer dans la vie les préceptes de Jésus-Christ. Il rend, — comme poêle au moins, — le bien pour le mal : les gens du vulgaire, dit-il, nous détestent, nous autres poètes, et cependant

Nous demandons à Dieu qu’il leur donne la joie[2].


Ailleurs, son ami Rouffet ayant exprimé dans une poésie le désir de la mort, tout en le comblant d’éloges au point de vue littéraire, il lui fait part d’un scrupule moral : désirer la mort est une sorte de suicide en idée, et le christianisme a réprouvé le suicide. «Disciple du Christ, lui dit-il, avez-vous raison ?[3] »

Son zèle chrétien fut même assez fort pour le déterminer à l’action. Un groupe de jeunes gens fonda à Rennes la Variété, revue mensuelle, avec l’intention avouée d’y combattre pour le christianisme contre tous ceux « qui cherchent à couvrir le feu sacré », est-il dit dans l’introduction. Leconte de

  1. Premières poésies et lettres intimes, p. 139. [Trois harmonies en une].

    Le miel de son amour (de Dieu) qui jamais ne s’efface
    Ou le vase immortel où déborde la grâce,
                   Comme une mer des cieux.

  2. Ibid., p. 153.
  3. Ibid., p. 23.