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Lisle qui regrette les temps religieux et qui s’indigne de l’impiété du siècle[1], s’enrôle avec eux, et aubout d’un certain temps est le chef incontesté du groupe. L’esprit chrétien de la Variété est, naturellement, libéral ; le christianisme, y est-il dit, dont le triomphe est le triomphe même du spiritualisme, a « dévoilé au monde la loi du progrès » et a rénové l’humanité[2]. De même, à la fin du numéro 8, c’est-à-dire au moment où Lecontc de Lisle était déjà rédacteur en chef, dans quelques phrases qui doivent résumer l’esprit de la revue, on trouve en première ligne, côte à côte, ces deux choses : « Émancipation de l’intelligence, tendances religieuses. » Enfin (pour ne rien négliger de ce qui peut caractériser cet esprit) on s’adresse à Chateaubriand qui répond par une approbation sans réserve : « Si je n’avais pas, écrit-il, entièrement renoncé aux lettres et à la politique, je vous demanderais, tout vieux que je suis, à combattre dans vos rangs[3]. » Jetons un coup d’œil maintenant sur les productions même des collaborateurs : ici c’est une pièce sur la foi, là un hymne, dédié à Leconte de Lisle, sur les bienfaits de Dieu ; au bas des pièces, en vignette, des croix. Il y en a une au bas d’Issa ben Mariam,

  1. Variété, pp. 173 et 175. [La Gloire et le Siècle.
  2. Ibid., p. 6.
  3. Ibid., p. 65.