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ventres maternels, mais, se faisant, leur intérieur s’extravertit et devront inhabitable ; ou elles explosent vers le haut à la manière d’un piston comme pour expulser ses occupants. C’est le cas de Blow Up, une installation consistant en une maison carrée, une sorte de refuge, faite de matériaux de récupération comme des tôles métalliques, sans entrée et sans toit. Trop souvent, dit l’artiste, c’est l’état dans lequel sont laissées les constructions après une guerre — les murs résistent, mais le toit brûle et s’effondre à l’intérieur.

La construction est tapissée à l’intérieur d’un matériau textile qui reprend des motifs de papier peint. Un mécanisme de soufflerie est intégré et caché sous la construction, qui se déclenche au moment de l’entrée d’un spectateur dans la salle, pulsant violemment la partie textile vers le haut. S’il était resté des habitants dans cette maison, ils auraient ainsi été irrémédiablement expulsés. On passe d’un état où la maison est habitable, où elle peut encore protéger, à un état inhabitable, comme une façon d’être expulsés, livrés aux éléments extérieurs.

De la même manière, dans Sans se retourner ce qui est destiné normalement à être intérieur devient extérieur ; Sans se retourner est une série photographique qui traite d’une intervention de l’artiste à Sarajevo : Licha fixe à l’extérieur d’une maison meurtrie et brûlée par la guerre un papier peint à fleurs des plus traditionnels, habituellement destiné à couvrir et rendre accueillants les espaces privés les plus intimes. Créant une dimension ambiguë, qui n’est ni dedans ni dehors, l’artiste souligne certains effets de la guerre : la subversion de la limite entre espace public et privé, l’agression de l’individu, l’intrusion violente