Page:Emile Zola, Mes haines - Mon salon - Edouard Manet, Ed. Charpentier, 1893.djvu/262

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adopté par l’historien. Après avoir fait du héros un dieu, il est forcé de lui accorder toutes les grâces d’état de sa divinité, et de ne plus voir que de simples mortels autour de lui.

Le premier volume laisse César tout-puissant, irrévocablement maître du monde. Nous attendons les deux autres volumes pour assister à la marche fatale des événements qui porteront César à la dictature et qui le pousseront sous le poignard de Brutus.

L’Histoire de Jules César est très savamment composée. Les recherches ont dû être immenses, aucun document n’a été négligé, et l’auteur a loyalement indiqué les sources de chacun de ses emprunts. Le bas des pages se trouve ainsi comblé de notes. Il y a là un travail considérable, une besogne consciencieuse qu’on ne saurait trop louer. Malheureusement, on aimerait à voir, çà et là, telle citation d’un esprit contraire, ce qui permettrait d’établir un juste équilibre entre les diverses opinions. L’auteur a fait délicatement un choix de belles paroles en faveur de César ; j’aimerais à entendre les accusations portées contre le grand homme ; alors seulement on pourrait juger en toute équité.

Mais c’est surtout dans les chiffres, dans les détails statistiques et administratifs que l’auteur me parait bien renseigné. Toute une académie a dû travailler pour lui. Telle page est plus grosse de travail qu’un volume entier. Le chapitre dans lequel l’historien étudie la prospérité du bassin de la Méditerranée avant les guerres puniques, est une merveille de