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V


Le 15 mai, Claude, qui était rentré la veille de chez Sandoz à trois heures du matin, dormait encore, vers neuf heures, lorsque madame Joseph lui monta un gros bouquet de lilas blancs, qu’un commissionnaire venait d’apporter. Il comprit, Christine lui fêtait à l’avance le succès de son tableau ; car c’était un grand jour pour lui, l’ouverture du Salon des Refusés, créé de cette année-là, et où allait être exposée son œuvre, repoussée par le jury du Salon officiel.

Cette pensée tendre, ces lilas frais et odorants, qui l’éveillaient, le touchèrent beaucoup, comme s’ils étaient le présage d’une bonne journée. En chemise, nu-pieds, il les mit dans son pot-à-eau, sur la table. Puis, les yeux enflés de sommeil, effaré, il s’habilla, en grondant d’avoir dormi si tard. La veille, il avait promis à Dubuche et à Sandoz de les prendre, dès huit heures, chez ce dernier, pour se rendre tous les trois ensemble au Palais-de-l’Industrie, où l’on trouverait le reste de la bande. Et il était déjà en retard d’une heure !

Mais, justement, il ne pouvait plus mettre la main