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LES ROUGON-MACQUART.

compris… Tu vas dans cette baraque. Ah ! les magots, ont-ils de sales têtes !  

Dubuche, l’air vexé de ce cri d’artiste, protesta d’un air gourmé.

— N’empêche que le père Margaillan, tout crétin qu’il te semble, est un fier homme dans sa partie. Il faut le voir sur ses chantiers, au milieu de ses bâtisses : une activité du diable, un sens étonnant de la bonne administration, un flair merveilleux des rues à construire et des matériaux à acheter. Du reste, on ne gagne pas des millions sans être un monsieur… Et puis, pour ce que je veux faire de lui, moi ! Je serais bien bête de n’être pas poli à l’égard d’un homme qui peut m’être utile. 

Tout en parlant, il barrait l’étroit chemin, il empêchait son ami d’avancer, sans doute par crainte d’être compromis, si on les voyait ensemble, et pour lui faire entendre qu’ils devaient se séparer là.

Claude allait l’interroger sur les camarades de Paris ; mais il se tut. Pas un mot de Christine ne fut même prononcé. Et il se résignait à le quitter, il tendait la main, lorsque cette question sortit malgré lui de ses lèvres tremblantes :

— Sandoz va bien ?

— Oui, pas mal. Je le vois rarement… Il m’a encore parlé de toi, le mois dernier. Il est toujours désolé que tu nous aies mis à la porte.

— Mais je ne vous ai pas mis à la porte ! cria Claude hors de lui ; mais, je vous en supplie, venez me voir ! Je serais si heureux !

— Alors, c’est ça, nous viendrons. Je lui dirai de venir, parole d’honneur !… Adieu, adieu, mon vieux. Je suis pressé. 

Et Dubuche s’en alla vers la Richaudière, et Claude