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L’ŒUVRE.

que le chapeau pendu à un chevalet. Elle avait dit merci, elle ne parlait plus, il distinguait à peine des frôlements de linges, des bruits discrets d’eau remuée. Mais lui, continuait de s’occuper d’elle.

— Le savon est dans une soucoupe, sur la table… Ouvrez le tiroir, n’est-ce pas ? et prenez une serviette propre… Voulez-vous de l’eau davantage ? Je vous passerai le broc.

L’idée qu’il retombait dans ses maladresses l’exaspéra tout à coup.

— Allons, voilà que je vous embête encore ! Faites comme chez vous.

Il retourna à son ménage. Un débat l’agitait. Devait-il lui offrir à déjeuner ? Il était difficile de la laisser partir ainsi. D’autre part, ça n’en finirait plus, il allait perdre décidément sa matinée de travail. Sans rien résoudre, après avoir allumé sa lampe à esprit-de-vin, il lava la casserole et se mit à faire du chocolat, ce qu’il jugeait plus distingué, sourdement honteux de son vermicelle, une pâtée où il coupait du pain et qu’il baignait d’huile à la mode du Midi. Mais il émiettait encore le chocolat dans la casserole, lorsqu’il eut une exclamation :

— Comment ! déjà !

C’était Christine qui repoussait le paravent et qui apparaissait, nette et correcte dans ses vêtements noirs, lacée, boutonnée, équipée en un tour de main. Son visage rosé ne gardait même pas l’humidité de l’eau, son lourd chignon se tordait sur sa nuque, sans qu’une mèche dépassât. Et Claude restait béant devant ce miracle de promptitude, cet entrain de petite ménagère à s’habiller vite et bien.

— Ah ! fichtre, si vous faites tout comme ça !

Il la trouvait plus grande et plus belle qu’il n’au-