solliciter ; elle l’accompagnerait dans ses courses, elle pourrait même lui en épargner plusieurs. Au bout d’un quart d’heure, l’œuvre fut sa chose propre, et c’était elle qui donnait des instructions à Marthe. Celle-ci allait se retirer, lorsque M. de Condamin entra ; elle resta, gênée, n’osant plus parler de l’objet de sa visite, devant le conservateur des eaux et forêts, qui était, disait-on, compromis dans l’affaire de ces pauvres filles, dont la honte occupait la ville.
Ce fut madame de Condamin qui expliqua la grande idée à son mari, qui se montra parfait de tranquillité et de bons sentiments. Il trouva la chose excessivement morale.
— C’est une idée qui ne pouvait venir qu’à une mère, dit-il gravement, sans qu’il fût possible de deviner s’il ne se moquait pas ; Plassans vous devra de bonnes mœurs, madame.
— Je vous avoue que j’ai simplement ramassé l’idée, répondit Marthe, gênée par ces éloges ; elle m’a été inspirée par une personne que j’estime beaucoup.
— Quelle personne ? demanda curieusement madame de Condamin.
— Monsieur l’abbé Faujas.
Et Marthe, avec une grande simplicité, dit tout le bien qu’elle pensait du prêtre. Elle ne fit d’ailleurs aucune allusion aux mauvais bruits qui avaient couru ; elle le donna comme un homme digne de tous les respects, auquel elle était heureuse d’ouvrir sa maison. Madame de Condamin écoutait en faisant des petits signes de tête.
— Je l’ai toujours dit, s’écria-t-elle, l’abbé Faujas est un prêtre très distingué… Si vous saviez comme il y a de méchantes gens ! Mais depuis que vous le recevez, on n’ose plus parler. Cela a coupé court à toutes les mauvaises suppositions… Alors, vous dites que l’idée est de lui ? Il faudra le décider à se mettre en avant. Jusque-là, il est entendu