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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/130

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LES ROUGON-MACQUART.

Vous ne trouvez pas qu’il a toujours l’air d’avoir avalé un mirliton, le petit Delangre ?

Et il se tournait du côté du jardin des Rastoil.

— Il n’y a personne chez eux, reprenait-il ; je n’entends rien… Ah ! si, les grandes dindes de filles sont devant la cascade. On dirait que l’aînée mâche des cailloux en parlant. Tous les soirs, elles en ont pour une bonne heure à jaboter. Si elles se confient les déclarations qu’on leur fait, ça ne doit pourtant pas être long… Eh ! ils y sont tous. Voilà l’abbé Surin, qui a une voix de flûte, et l’abbé Fenil, qui pourrait servir de crécelle, le vendredi saint. Dans ce jardin, ils s’entassent quelquefois une vingtaine, sans remuer seulement un doigt. Je crois qu’ils se mettent là pour écouter ce que nous disons.

À tous ces bavardages, l’abbé Faujas et Marthe répondaient par de courtes phrases, lorsqu’il les interrogeait directement. D’ordinaire, le visage levé, les yeux perdus, ils étaient ensemble, ailleurs, plus loin, plus haut. Un soir, Mouret s’endormit. Alors, lentement, ils se mirent à causer ; ils baissaient la voix, ils approchaient leur tête. Et, à quelques pas, madame Faujas, les mains sur les genoux, les oreilles élargies, les yeux ouverts, sans entendre, sans voir, semblait les garder.