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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/152

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LES ROUGON-MACQUART.

agonie, pour que je ne puisse aller lui fermer les yeux ; il a des inventions terribles… Mais, voyez-vous, j’aime mieux vivre en paix. Fenil est très-actif, il me rend de grands services dans le diocèse. Quand je ne serai plus là, les choses s’arrangeront peut-être plus sagement.

Il se calmait, il retrouvait son sourire.

— D’ailleurs, tout va bien en ce moment, je ne vois aucune difficulté… On peut attendre.

L’abbé Faujas s’assit, et tranquillement :

— Sans doute… Pourtant il va falloir que vous nommiez un curé à Saint-Saturnin, en remplacement de monsieur l’abbé Compan.

Monseigneur Rousselot porta ses mains à ses tempes, d’un air désespéré.

— Mon Dieu ! vous avez raison, balbutia-t-il. Je ne pensais plus à cela… Le brave Compan ne sait pas dans quel souci il me met, en mourant si brusquement, sans que je sois prévenu. Je vous avais promis la place, n’est-ce pas ?

L’abbé s’inclina.

— Eh bien ! mon ami, vous allez me sauver ; vous me laisserez reprendre ma parole. Vous savez combien Fenil vous déteste ; le succès de l’œuvre de la Vierge l’a rendu tout à fait furieux ; il jure qu’il vous empêchera de conquérir Plassans. Vous voyez que je vous parle à cœur ouvert. Or, ces jours derniers, comme on causait de la cure de Saint-Saturnin, j’ai prononcé votre nom. Fenil est entré dans une colère affreuse, et j’ai dû jurer que je donnerais la cure à un de ses protégés, l’abbé Chardon, que vous connaissez, un homme très-digne d’ailleurs… Mon ami, faites cela pour moi, renoncez à cette idée. Je vous donnerai tel dédommagement qu’il vous plaira.

Le prêtre resta grave. Après un silence, comme s’il s’était consulté :

— Vous n’ignorez pas, Monseigneur, dit-il, que je n’ai