aucune ambition personnelle ; je désire vivre dans la retraite, ce serait pour moi une grande joie de renoncer à cette cure. Seulement je ne suis pas mon maître, je tiens à satisfaire les protecteurs qui s’intéressent à moi… Pour vous-même, Monseigneur, réfléchissez avant de prendre une détermination que vous pourriez regretter plus tard.
Bien que l’abbé Faujas eût parlé très humblement, l’évêque sentit la menace cachée que contenaient ces paroles. Il se leva, fit quelques pas, en proie à une perplexité pleine d’angoisse. Puis, levant les mains :
— Allons, voilà du tourment pour longtemps… J’aurais voulu éviter toutes ces explications ; mais, puisque vous insistez, il faut parler franchement… Eh bien ! cher monsieur, l’abbé Fenil vous reproche beaucoup de choses. Comme je crois vous l’avoir déjà dit, il a dû écrire à Besançon, d’où il aura appris les fâcheuses histoires que vous savez… Certes, vous m’avez expliqué tout cela, je connais vos mérites, votre vie de repentir et de retraite ; mais que voulez-vous ? le grand vicaire a des armes contre vous, il en use terriblement. Souvent je ne sais comment vous défendre… Quand le ministre m’a prié de vous accepter dans mon diocèse, je ne lui ai pas caché que votre situation serait difficile. Il s’est montré plus pressant, il m’a dit que cela vous regardait, et j’ai fini par consentir. Seulement, il ne faut pas aujourd’hui me demander l’impossible.
L’abbé Faujas n’avait pas baissé la tête ; il la releva même, il regarda l’évêque en face, disant de sa voix brève :
— Vous m’avez donné votre parole, monseigneur.
— Certainement, certainement… Le pauvre Compan baissait tous les jours, vous êtes venu me confier certaines choses ; alors, j’ai promis, je ne le nie pas… Écoutez, je veux vous tout dire, pour que vous ne puissiez m’accuser de tourner comme une girouette. Vous prétendiez que le ministre désirait vivement votre nomination à la cure de Saint-Saturnin.