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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/154

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LES ROUGON-MACQUART.

Eh bien ! j’ai écrit, je me suis informé, un de mes amis est allé au ministère. On lui a presque ri au nez, on lui a dit qu’on ne vous connaissait même pas. Le ministre se défend absolument d’être votre protecteur, entendez-vous ! Si vous le souhaitez, je vais vous faire lire une lettre où il se montre bien sévère à votre égard.

Et il tendait le bras pour fouiller dans un tiroir ; mais l’abbé Faujas s’était mis debout, sans le quitter des yeux, avec un sourire où perçait une pointe d’ironie et de pitié.

— Ah ! monseigneur, monseigneur ! murmura-t-il.

Puis, au bout d’un silence, comme ne voulant pas s’expliquer davantage :

— Je vous rends votre parole, monseigneur, reprit-il. Croyez que, dans tout ceci, je travaillais plus encore pour vous que pour moi. Plus tard, quand il ne sera plus temps, vous vous souviendrez de mes avertissements.

Il se dirigeait vers la porte ; mais l’évêque le retint, le ramena, en murmurant d’un air inquiet :

— Voyons, que voulez-vous dire ? Expliquez-vous, cher monsieur Faujas. Je sais bien qu’on me boude à Paris, depuis l’élection du marquis de Lagrifoul. On me connaît vraiment bien peu, si l’on s’imagine que j’ai trempé là-dedans ; je ne sors pas de ce cabinet deux fois par mois… Alors vous croyez qu’on m’accuse d’avoir fait nommer le marquis ?

— Oui, je le crains, dit nettement le prêtre.

— Eh ! c’est absurde, je n’ai jamais mis le nez dans la politique, je vis avec mes chers livres. C’est Fenil qui a tout fait. Je lui ai dit vingt fois qu’il finirait par me causer des embarras à Paris.

Il s’arrêta, rougit légèrement d’avoir laissé échapper ces dernières paroles. L’abbé Faujas s’assit de nouveau devant lui, et d’une voix profonde :

— Monseigneur, vous venez de condamner votre grand