vicaire… Je ne vous ai point dit autre chose. Ne continuez pas à faire cause commune avec lui, ou il vous causera des soucis très-graves. J’ai des amis à Paris, quoi que vous puissiez croire. Je sais que l’élection du marquis de Lagrifoul a fortement indisposé le gouvernement contre vous. À tort ou à raison, on vous croit la cause unique du mouvement d’opposition qui se manifeste à Plassans, où le ministre, pour des motifs particuliers, tient absolument à obtenir la majorité. Si, aux élections prochaines, le candidat légitimiste passait encore, ce serait extrêmement fâcheux, je craindrais pour votre tranquillité.
— Mais c’est abominable ! s’écria le malheureux évêque, en s’agitant dans son fauteuil ; je ne puis pas empêcher le candidat légitimiste de passer, moi ! Est-ce que j’ai la moindre influence, est-ce que je me suis jamais mêlé de ces choses ?… Ah ! tenez, il y a des jours où j’ai envie d’aller m’enfermer au fond d’un couvent. J’emporterais ma bibliothèque, je vivrais bien tranquille… C’est Fenil qui devrait être évêque à ma place. Si j’écoutais Fenil, je me mettrais tout à fait en travers du gouvernement, je n’écouterais que Rome, j’enverrais promener Paris. Mais ce n’est pas mon tempérament, je veux mourir tranquille… Alors, vous dites que le ministre est furieux contre moi ?
Le prêtre ne répondit pas ; deux plis qui se creusaient aux coins de sa bouche donnaient à sa face un mépris muet.
— Mon Dieu, continua l’évêque, si je pensais lui être agréable en vous nommant curé de Saint-Saturnin, je tâcherais d’arranger cela… Seulement, je vous assure, vous vous trompez ; vous êtes peu en odeur de sainteté.
L’abbé Faujas eut un geste brusque. Il se livra, dans une courte impatience :
— Eh ! dit-il, oubliez-vous que des infamies courent sur mon compte et que je suis arrivé à Plassans avec une soutane percée ! Lorsqu’on envoie un homme perdu à un poste