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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/199

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

— Monsieur le curé, dit-il en se remettant en position, vous allez juger les coups.

L’abbé Faujas, son bréviaire sous le bras, souriant d’un air paternel, resta sur le seuil de la petite porte. Cependant, par la porte charretière de la sous-préfecture entr’ouverte, le prêtre avait dû apercevoir M. Péqueur des Saulaies assis devant la pièce d’eau, au milieu de ses familiers. Il ne tourna pourtant pas la tête ; il marquait les points, complimentait l’abbé Surin, consolait les demoiselles Rastoil.

— Dites donc, Péqueur, vint murmurer plaisamment M. de Condamin à l’oreille du sous-préfet, vous avez tort de ne pas inviter ce petit abbé à vos soirées ; il est bien agréable avec les dames, il doit valser à ravir.

Mais M. Péqueur des Saulaies, qui causait vivement avec M. Delangre, parut ne pas entendre. Il continua, s’adressant au maire :

— Vraiment, mon cher ami, je ne sais où vous voyez en lui les belles choses dont vous me parlez. L’abbé Faujas est au contraire très-compromettant. Son passé est fort louche, on colporte ici certaines choses… Je ne vois pas pourquoi je me mettrais aux genoux de ce curé-là, d’autant plus que le clergé de Plassans nous est hostile… D’abord ça ne me servirait à rien.

M. Delangre et M. de Condamin, qui avaient échangé un regard, se contentèrent de hocher la tête, sans répondre.

— À rien du tout, reprit le sous-préfet. Vous n’avez pas besoin de faire les mystérieux. Tenez, j’ai écrit à Paris, moi. J’avais la tête cassée ; je voulais avoir le cœur net sur le Faujas, que vous semblez traiter en prince déguisé. Eh bien ! savez-vous ce qu’on m’a répondu ? On m’a répondu qu’on ne le connaissait pas, qu’on n’avait rien à me dire, que je devais, d’ailleurs, éviter avec soin de me mêler des affaires du clergé… On est déjà assez mécontent à Paris,