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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/205

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

fait qu’une bouchée… Il faut que le monde soit bien bête ! On s’imagine alors que des personnages mystérieux parcourent les provinces, offrant des places. Je vous avoue que je serais bien curieux de voir un de ces messieurs.

Il se fâchait. M. Maffre, inquiet, crut devoir se défendre :

— Permettez, interrompit-il, je n’ai pas affirmé que monsieur l’abbé Faujas fût un agent bonapartiste ; au contraire, j’ai trouvé cette accusation absurde.

— Eh ! il n’est plus question de l’abbé Faujas ; je parle en général. On ne se vend pas comme cela, que diable !… L’abbé Faujas est au-dessus de tous les soupçons.

Il y eut un silence. M. de Bourdeu achevait le profil, sur le sable, par une grande barbe en pointe.

— L’abbé Faujas n’a pas d’opinion politique, dit-il de sa voix sèche.

— Évidemment, reprit M. Rastoil ; nous lui reprochions son indifférence ; mais, aujourd’hui, je l’approuve. Avec tous ces bavardages, la religion se trouverait compromise… Vous le savez comme moi, Bourdeu, on ne peut l’accuser de la moindre démarche louche. Jamais on ne l’a vu à la sous-préfecture, n’est-ce pas ? Il est resté très-dignement à sa place… S’il était bonapartiste, il ne s’en cacherait pas, parbleu !

— Sans doute.

— Ajoutez qu’il mène une vie exemplaire. Ma femme et mon fils m’ont donné sur son compte des détails qui m’ont vivement ému.

À ce moment, les rires redoublèrent, dans l’impasse. La voix de l’abbé Faujas s’éleva, complimentant mademoiselle Aurélie sur un coup de raquette vraiment remarquable. M. Rastoil, qui s’était interrompu, reprit avec un sourire :

— Vous entendez ? Qu’ont-ils donc à s’amuser ainsi ? Cela donne envie d’être jeune.

Puis, de sa voix grave :