scandale… Laisse-moi faire, tu n’entends rien à ces choses-là.
Quinze jours plus tard, le samedi, madame Paloque guetta la sortie de Marthe. Elle était tout habillée derrière ses rideaux, cachant sa figure de monstre, surveillant la rue par un trou de la mousseline. Quand les deux femmes eurent disparu au coin de la rue Taravelle, elle ricana, la bouche fendue. Elle ne se pressa pas, mit des gants, s’en alla tout doucement par la place de la Sous-Préfecture, faisant le grand tour, s’attardant sur le pavé pointu. En passant devant le petit hôtel de madame de Condamin, elle eut un instant l’idée de monter la prendre ; mais celle-ci aurait peut-être des scrupules. Somme toute, il valait mieux se passer d’un témoin et conduire l’expédition rondement.
— Je leur ai laissé le temps d’arriver aux gros péchés, je crois que je puis me présenter maintenant, pensa-t-elle, au bout d’un quart d’heure de promenade.
Alors, elle hâta le pas. Elle venait souvent à l’œuvre de la Vierge pour s’entendre avec Trouche sur des détails de comptabilité. Ce jour-là, au lieu d’entrer dans le cabinet de l’employé, elle longea le corridor, redescendit, alla directement à l’oratoire. Devant la porte, sur une chaise, madame Faujas tricotait tranquillement. La femme du juge avait prévu cet obstacle ; elle arriva droit dans la porte, de l’air brusque d’une personne affairée. Mais, avant même qu’elle eût allongé le bras pour tourner le bouton, la vieille dame, qui s’était levée, l’avait jetée de côté avec une vigueur extraordinaire.
— Où allez-vous ? lui demanda-t-elle de sa voix rude de paysanne.
— Je vais où j’ai besoin, répondit madame Paloque, le bras meurtri, la face toute convulsée de colère. Vous êtes une insolente et une brutale… Laissez-moi passer. Je suis