docteur Porquier ?… Alors, nous nous voyons dans un café, derrière les prisons. Il est tenu par une Arlésienne, une belle femme, une brune…
Le prêtre, les bras croisés, le regardait d’un air terrible.
— Non, je vous assure, Faujas, vous avez tort de m’en vouloir… Vous savez que je suis un homme bien élevé ; je connais les convenances. Dans le jour, je ne prendrais pas un verre de sirop, de peur de vous compromettre… Enfin, depuis que je suis ici, je vais à mon bureau comme si j’allais à l’école, avec des tartines de confiture dans un panier ; c’est même bête, ce métier-là. Je me trouve bête, oui, parole d’honneur ; et si ce n’était pas pour vous rendre service… Mais, la nuit, on ne me voit pas, peut-être. Je puis me promener la nuit. Ça me fait du bien, je finirais par crever à rester sous clef. D’abord, il n’y a personne dans les rues, elles sont si drôles !…
— Ivrogne ! dit le prêtre entre ses dents serrées.
— Vous ne faites pas la paix ?… Tant pis ! mon cher. Moi, je suis bon enfant ; je n’aime pas les fichues mines. Si ça vous déplaît, je vous plante là avec vos béguines. Il n’y a guère que la petite Condamin qui soit gentille, et encore l’Arlésienne est mieux… Vous avez beau rouler vos yeux, je n’ai pas besoin de vous. Tenez, voulez-vous que je vous prête cent francs ?
Et il tira des billets de banque, qu’il étala sur ses genoux, en riant aux éclats ; puis, il les fit voltiger, les passa sous le nez de l’abbé, les jeta en l’air. Olympe, d’un bond, se leva à moitié nue ; elle ramassa les billets, qu’elle cacha sous le traversin, d’un air contrarié. Cependant, l’abbé Faujas regardait autour de lui, très-surpris ; il voyait des bouteilles de liqueur rangées le long de la commode, un pâté presque entier sur la cheminée, des dragées dans une vieille boîte crevée. La chambre était remplie d’achats récents : des robes jetées sur les chaises ; un paquet de dentelle déplié ; une