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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/262

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LES ROUGON-MACQUART.

dans les chuchotements des confessionnaux, se courber sous le frisson puissant des orgues, s’évanouir dans le spasme de la communion. Alors, elle ne sentait plus rien, son corps ne lui faisait plus mal. Elle était ravie à la terre, agonisant sans souffrance, devenant une pure flamme qui se consumait d’amour.

L’abbé Faujas redoublait de sévérité, la contenait encore en la rudoyant. Elle l’étonnait par ce réveil passionné, par cette ardeur à aimer et à mourir. Souvent, il la questionnait de nouveau sur son enfance. Il alla chez madame Rougon, resta quelque temps perplexe, mécontent de lui.

— La propriétaire se plaint de toi, lui disait sa mère ? Pourquoi ne la laisses-tu pas aller à l’église quand ça lui plaît ?… Tu as tort de la contrarier ; elle est très-bonne pour nous.

— Elle se tue, murmurait le prêtre.

Madame Faujas avait alors le haussement d’épaules qui lui était habituel.

— Ça la regarde. Chacun prend son plaisir où il le trouve. Il vaut mieux se tuer à prier qu’à se donner des indigestions, comme cette coquine d’Olympe… Sois moins sévère pour madame Mouret. Ça finirait par rendre la maison impossible.

Un jour qu’elle lui donnait ces conseils, il dit d’une voix sombre :

— Mère, cette femme sera l’obstacle.

— Elle ! s’écria la vieille paysanne, mais elle t’adore, Ovide !… Tu feras d’elle tout ce que tu voudras, lorsque tu ne la gronderas plus. Les jours de pluie, elle te porterait d’ici à la cathédrale, pour que tu ne te mouilles pas les pieds.

L’abbé Faujas comprit lui-même la nécessité de ne pas employer la rudesse davantage. Il redoutait un éclat. Peu à peu, il laissa une plus grande liberté à Marthe, lui permet-