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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/296

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LES ROUGON-MACQUART.

nés, et je me suis laissé dire qu’on ne les détruit bien que la nuit.

— Les limaces ! s’écria M. de Condamin ; allez, il s’inquiète bien des limaces ! Est-ce qu’on va chercher des limaces avec un cierge ? Je crois plutôt, comme M. Maffre, qu’il y a quelque crime là-dessous… Ce Mouret n’a-t-il jamais eu une domestique qui ait disparu ? Il faudrait faire une enquête.

M. Péqueur des Saulaies comprit que son ami le conservateur des eaux et forêts allait un peu loin. Il murmura, en buvant une gorgée de thé :

— Non, non, mon cher. Il est fou, il a des imaginations extraordinaires, voilà tout… C’est déjà bien assez terrifiant.

Il prit l’assiette de biscuits, qu’il présenta aux demoiselles Rastoil en cambrant sa taille de bel officier ; puis, reposant l’assiette, il continua :

— Quand on pense que ce malheureux s’est occupé de politique ! Je ne veux pas vous reprocher votre alliance avec les républicains, monsieur le président ; mais avouez que le marquis de Lagrifoul avait là un partisan bien étrange.

M. Rastoil était devenu très-grave. Il fit un geste vague, sans répondre.

— Et il s’en occupe toujours ; c’est peut-être la politique qui lui tourne la tête, dit la belle Octavie en s’essuyant délicatement les lèvres. On le donne comme très ardent pour les prochaines élections, n’est-ce pas, mon ami ?

Elle s’adressait à son mari, auquel elle jeta un regard.

— Il en crèvera ! s’écria M. de Condamin ; il répète partout qu’il est le maître du scrutin, qu’il fera nommer un cordonnier, si cela lui plaît.

— Vous exagérez, dit le docteur Porquier ; il n’a plus autant d’influence, la ville entière se moque de lui.

— Eh ! c’est ce qui vous trompe ! S’il le veut, il mènera