Aller au contenu

Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
317
LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

que l’empereur songeait à le décorer, et promit formellement au docteur Porquier de trouver une place possible pour son garnement de fils. Elle était surtout exquise d’obligeance dans les jardins, aux réunions intimes de l’après-midi. L’été tirait sur sa fin ; elle arrivait avec des toilettes légères, un peu frissonnante, risquant des rhumes pour montrer ses bras et vaincre les derniers scrupules de la société Rastoil. Ce fut réellement sous la tonnelle des Mouret que l’élection se décida.

— Eh bien, monsieur le sous-préfet, dit l’abbé Faujas en souriant, un jour que les deux sociétés étaient réunies, voici la grande bataille qui approche.

On en était venu à rire en petit comité des luttes politiques. On se serrait la main, sur le derrière des maisons, dans les jardins, tout en se dévorant, sur les façades. Madame de Condamin jeta un vif regard à M. Péqueur des Saulaies, qui s’inclina avec sa correction accoutumée, en récitant tout d’une haleine :

— Je resterai sous ma tente, monsieur le curé. J’ai été assez heureux pour faire entendre à Son Excellence que le gouvernement devait s’abstenir, dans l’intérêt immédiat de Plassans. Il n’y aura pas de candidat officiel.

M. de Bourdeu devint pâle. Ses paupières battaient, ses mains avaient un tressaillement de joie.

— Il n’y aura pas de candidat officiel ! répéta M. Rastoil, très-remué par cette nouvelle inattendue, sortant de la réserve où il s’était tenu jusque-là.

— Non, reprit M. Péqueur des Saulaies, la ville compte assez d’hommes honorables et elle est assez grande fille pour faire elle-même le choix de son représentant.

Il s’était légèrement incliné du côté de M. de Bourdeu, qui se leva, en balbutiant :

— Sans doute, sans doute.

Cependant, l’abbé Surin avait organisé une partie de « tor-