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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/330

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LES ROUGON-MACQUART.

tendit râler ; elle la trouva au milieu des couvertures arrachées, les yeux agrandis par une horreur muette, les poings sur la bouche, pour ne pas crier. Elle dut lui parler ainsi qu’à un enfant, écartant les rideaux, regardant sous les meubles, lui jurant qu’elle s’était trompée, que personne n’était là. Ces peurs se terminaient par des crises de catalepsie, qui la tenaient comme morte, la tête sur les oreillers, les paupières levées.

— C’est monsieur qui la tourmente, murmura la cuisinière, en se mettant enfin au lit.

Le lendemain était un des jours de visite du docteur Porquier. Il venait voir madame Mouret deux fois par semaine, régulièrement. Il lui tapota dans les mains, lui répéta avec son optimisme aimable :

— Allons, chère dame, ce ne sera rien… Vous toussez toujours un peu, n’est-ce pas ? Un simple rhume négligé que nous guérirons avec des sirops.

Alors, elle se plaignit de douleurs intolérables dans le dos et dans la poitrine, sans le quitter du regard, cherchant sur son visage, sur toute sa personne, les choses qu’il ne disait pas.

— J’ai peur de devenir folle ! laissa-t-elle échapper dans un sanglot.

Il la rassura en souriant. La vue du docteur lui causait toujours une vive anxiété ; elle avait une épouvante de cet homme si poli et si doux. Souvent, elle défendait à Rose de le laisser entrer, disant qu’elle n’était pas malade, qu’elle n’avait pas besoin de voir constamment un médecin chez elle. Rose haussait les épaules, introduisait le docteur quand même. D’ailleurs, il finissait par ne plus lui parler de son mal, il semblait lui faire de simples visites de politesse.

Quand il sortit, il rencontra l’abbé Faujas, qui se rendait à Saint-Saturnin. Le prêtre l’ayant questionné sur l’état de madame Mouret :