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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/332

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LES ROUGON-MACQUART.

Elle le regarda fixement, très-pâle, murmurant à voix plus basse :

— Alors, vous aussi, vous me renvoyez de Plassans ? Mais je mourrais, dans un pays inconnu, loin de mes habitudes, loin de ceux que j’aime !

Le prêtre était debout, près de quitter la salle à manger. Il s’approcha, il reprit avec un sourire :

— Vos amis ne désirent que votre santé. Pourquoi vous révoltez-vous ainsi ?

— Non, je ne veux pas, je ne veux pas, entendez-vous ! s’écria-t-elle en reculant.

Il y eut une courte lutte. Le sang était monté aux joues de l’abbé ; il avait croisé les bras, comme pour résister à la tentation de la battre. Elle, adossée au mur, s’était redressée, avec le désespoir de sa faiblesse. Puis, vaincue, elle tendit les mains, elle balbutia :

— Je vous en supplie, laissez-moi ici… Je vous obéirai.

Et, comme elle éclatait en sanglots, il s’en alla, en haussant les épaules, de l’air d’un mari qui redoute les crises de larmes. Madame Faujas, qui achevait tranquillement de dîner, avait assisté à cette scène, la bouche pleine. Elle laissa pleurer Marthe tout à son aise.

— Vous n’êtes pas raisonnable, ma chère enfant, dit-elle enfin en reprenant des confitures. Vous finirez par vous faire détester d’Ovide. Vous ne savez pas le prendre… Pourquoi refusez-vous de voyager, si cela doit vous faire du bien ? Nous garderions votre maison. Vous retrouveriez tout à sa place, allez !

Marthe sanglotait toujours, sans paraître entendre.

— Ovide a tant de soucis, continua la vieille dame. Savez-vous qu’il travaille souvent jusqu’à quatre heures du matin… Quand vous toussez la nuit, cela l’affecte beaucoup et lui ôte toutes ses idées. Il ne peut plus travailler,