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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/83

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

— Ah ! madame, murmurait le juge de paix Maffre, on oublie ici la marche des heures.

— Vous seule savez recevoir, dans ce pays de loups, chuchotait la jolie madame de Condamin.

— Nous vous attendons à dîner demain, disait M. Delangre ; mais à la fortune du pot, nous ne faisons pas de façons comme vous.

Marthe dut traverser cette ovation pour arriver près de sa mère. Elle l’embrassa, et se retirait, lorsque Félicité la retint, cherchant quelqu’un des yeux, autour d’elle. Puis, ayant aperçu l’abbé Faujas :

— Monsieur l’abbé, dit-elle en riant, êtes-vous un homme galant ?

L’abbé s’inclina.

— Alors, ayez donc l’obligeance d’accompagner ma fille, vous qui demeurez dans la maison ; cela ne vous dérangera pas, et il y a un bout de ruelle noire qui n’est vraiment pas rassurant.

Marthe, de son air paisible, répondit qu’elle n’était pas une petite fille, qu’elle n’avait pas peur ; mais sa mère ayant insisté, disant qu’elle serait plus tranquille, elle accepta les bons soins de l’abbé. Et, comme celui-ci s’en allait avec elle, Félicité, qui les avait accompagnés jusqu’au palier, répéta à l’oreille du prêtre avec un sourire :

— Rappelez-vous ce que j’ai dit… Plaisez aux femmes, si vous voulez que Plassans soit à vous.