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LES ROUGON-MACQUART

tation qu’il n’aurait cru ; mais il demeurait encore assez désintéressé pour réfléchir, pour se dire que l’occasion était bonne, et qu’il allait rompre.

— Tu ne me feras pas croire que c’est Céleste qui porte un paletot, continua-t-il. Si les vitres de la serre n’étaient pas si épaisses, je reconnaîtrais peut-être le monsieur.

Elle le poussa plus profondément dans le noir des feuillages, en disant, les mains jointes, prise d’une terreur croissante :

— Je t’en prie, Maxime…

Mais toute la taquinerie du jeune homme se réveillait, une taquinerie féroce qui cherchait à se venger. Il était trop frêle pour se soulager par la colère. Le dépit pinça ses lèvres ; et, au lieu de la battre, comme il en avait d’abord eu l’envie, il aiguisa sa voix, il reprit :

— Tu aurais dû me le dire, je ne serais pas venu vous déranger… Ça se voit tous les jours, qu’on ne s’aime plus. Moi-même, je commençais à en avoir assez… Voyons, ne t’impatiente pas. Je vais te laisser remonter ; mais pas avant que tu m’aies dit le nom du monsieur…

— Jamais, jamais ! murmura la jeune femme, qui étouffait ses larmes.

— Ce n’est pas pour le provoquer, c’est pour savoir… Le nom, dis vite le nom, et je pars.

Il lui avait pris les poignets, il la regardait, de son rire mauvais. Et elle se débattait, éperdue, ne voulant plus ouvrir les lèvres, pour que le nom qu’il lui demandait ne pût s’en échapper.

— Nous allons faire du bruit, tu seras bien avancée. Qu’as-tu peur ? ne sommes-nous pas de bons amis ?… Je veux savoir qui me remplace, c’est légitime… Attends,