Page:Emile Zola - La Curée.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VI


Il y avait bal travesti, chez les Saccard, le jeudi de la mi-carême. Mais la grande curiosité était le poème des Amours du beau Narcisse et de la nymphe Écho, en trois tableaux, que ces dames devaient représenter. L’auteur de ce poème, M. Hupel de la Noue, voyageait depuis plus d’un mois, de sa préfecture à l’hôtel du parc Monceau, afin de surveiller les répétitions et de donner son avis sur les costumes. Il avait d’abord songé à écrire son œuvre en vers ; puis il s’était décidé pour des tableaux vivants ; c’était plus noble, disait-il, plus près du beau antique.

Ces dames n’en dormaient plus. Certaines d’entre elles changeaient jusqu’à trois fois de costume. Il y eut des conférences interminables que le préfet présidait. On discuta longuement d’abord le personnage de Narcisse. Serait-ce une femme ou un homme qui le représenterait ? Enfin, sur les instances de Renée, il fut décidé que l’on confierait le rôle à Maxime ; mais il serait le seul homme, et encore madame de Lauwerens disait-elle qu’elle ne consentirait jamais à cela, si « le petit Maxime ne ressemblait pas à une vraie fille. » Renée devait être la nymphe Écho. La question des costumes fut beaucoup plus laborieuse. Maxime donna un bon coup de main au