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IV

Ce samedi-là, lorsque Louise, qui venait passer deux mois chez les Chanteau, débarqua sur leur terrasse, elle y trouva la famille réunie. La journée finissait, une journée d’août très chaude, rafraîchie par la brise de mer. Déjà l’abbé Horteur était là, jouant aux dames avec Chanteau ; tandis que madame Chanteau, près d’eux, brodait un mouchoir. Et, à quelques pas, debout, Pauline se tenait devant un banc de pierre, où elle avait fait asseoir quatre galopins du village, deux fillettes et deux petits garçons.

— Comment ! c’est déjà toi ! s’écria madame Chanteau. Je pliais mon ouvrage, pour aller à ta rencontre jusqu’à la fourche.

Louise expliqua gaiement que le père Malivoire l’avait menée comme le vent. Elle était bien, elle ne voulait même pas changer de robe ; et, pendant que sa marraine allait veiller à son installation, elle se contenta d’accrocher son chapeau à la ferrure d’un volet. Elle les avait tous embrassés, puis elle revint prendre Pauline par la taille, rieuse, très câline.

— Mais regarde-moi donc !… Hein ? sommes-nous grandes, à présent… Tu sais, moi, dix-neuf ans sonnés, me voilà une vieille fille…