Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/330

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Elle ne voulut pas répondre immédiatement. En haut, sa malle était toujours faite. Elle la regardait pendant des heures. Puisque les autres allaient à Paris, c’était mal d’abandonner son oncle. Certes, elle se défiait des résolutions de son cousin ; mais, si le ménage revenait, elle serait libre alors de s’éloigner. Et Cazenove, furieux, lui ayant dit qu’elle perdait une position superbe, pour gâcher son existence chez des gens qui vivaient d’elle depuis sa jeunesse, elle se décida tout d’un coup.

— Va-t’en, lui répétait maintenant Chanteau. Si tu dois gagner des écus et être si heureuse, je ne peux pas t’obliger à traîner la savate avec un éclopé comme moi… Va-t’en.

Un matin, elle répondit :

— Non, mon oncle, je reste.

Le docteur, qui était là, partit en levant les bras au ciel.

— Elle est impossible, cette petite ! Et quel guêpier, là-dedans ! Jamais elle n’en sortira.