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LES ROUGON-MACQUART.

maître d’école ne valait pas cher, un rageur qui giflait les enfants, un sournois dont personne ne connaissait l’opinion, capable de se faire le chien couchant de la fille pour avoir les écus du père. Mais Berthe, elle non plus, n’était guère catholique, malgré ses grands airs de demoiselle élevée en ville. Oui, elle avait beau porter des jupes à volants, des corsages de velours, et se grossir le derrière avec des serviettes, le par-dessous n’en était pas meilleur, au contraire, car elle en savait long, on en apprenait davantage en s’éduquant à la pension de Cloyes, qu’en restant chez soi à garder les vaches. Pas de danger que celle-là se laissât de sitôt coller un enfant : elle aimait mieux se détruire toute seule la santé !

— Comment ça ? demanda Françoise, qui ne comprenait point.

Il eut un geste, elle devint sérieuse, et dit sans gêne :

— C’est donc ça qu’elle vous lâche toujours des saletés et qu’elle se pousse sur vous !

Victor s’était remis à battre son fer. Dans le bruit, il rigola, tapant entre chaque phrase.

— Puis, tu sais, N’en-a-pas…

— Hein ?

— Berthe, pardi !… N’en-a-pas, c’est le petit nom que les garçons lui donnent, à cause qu’il ne lui en a pas poussé.

— De quoi ?

— Des cheveux partout… Elle a ça comme une gamine, aussi lisse que la main !

— Allons donc, menteur !

— Quand je te dis !

— Tu l’as vue, toi ?

— Non, pas moi, d’autres.

— Qui, d’autres ?

— Ah ! des garçons qui l’ont juré à des garçons que je connais.

— Et où l’ont-ils vue ? comment ?

— Dame ! comme on voit, quand on a le nez sur la chose, ou quand on la moucharde par une fente. Est-ce que je sais ?… S’ils n’ont pas couché avec, il y a des