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LA TERRE.

sur la place Saint-Lubin, en face de la mairie, où était le marché au blé. Lengaigne, qui avait apporté quatre sacs, se tenait là, debout, les mains dans les poches. Au milieu d’un cercle de paysans, silencieux et le nez bas, Hourdequin causait, avec des gestes de colère. On avait espéré une hausse ; mais le prix de dix-huit francs fléchissait lui-même, on craignait pour la fin une baisse de vingt-cinq centimes. Macqueron passa, ayant à son bras sa fille Berthe, lui en paletot mal dégraissé, elle en robe de mousseline, une botte de roses et de muguets sur son chapeau.

Comme Lise et Françoise, après avoir tourné par la rue du Temple, longeaient l’église Saint-Georges, contre laquelle s’installaient les marchands forains, de la mercerie et de la quincaillerie, des déballages d’étoffes, elles eurent une exclamation.

— Oh ! tante Rose !

En effet, c’était la vieille Fouan, que sa fille Fanny, venue à la place de Delhomme, pour livrer de l’avoine, avait amenée avec elle dans sa voiture, histoire simplement de la distraire. Toutes les deux attendaient, plantées devant l’échoppe roulante d’un rémouleur, à qui la vieille avait donné ses ciseaux. Depuis trente ans, il les repassait.

— Tiens ! c’est vous autres !

Fanny, s’étant tournée et ayant aperçu Jean, ajouta :

— Alors, vous êtes en promenade ?

Mais, quand elles surent que les cousines allaient acheter une vache, pour remplacer Blanchette, elles s’intéressèrent, elles les accompagnèrent, l’avoine d’ailleurs étant livrée. Le garçon, mis à l’écart, marcha derrière les quatre femmes, espacées et de front ; et l’on déboucha de la sorte sur la place Saint-Georges.

Cette place, un vaste carré, s’étendait derrière le chevet de l’église, qui, de son vieux clocher de pierre, avec son horloge, la dominait. Des allées de tilleuls touffus en fermaient les quatre faces, dont deux étaient défendues par des chaînes scellées à des bornes, et dont les deux autres se trouvaient garnies de longues barres de bois, auxquelles