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V


Le lendemain, vers quatre heures, Lisa se rendit à Saint-Eustache. Elle avait fait, pour traverser la place, une toilette sérieuse, toute en soie noire avec son châle tapis. La belle Normande, qui, de la poissonnerie, la suivit des yeux jusque sous la porte de l’église, en resta suffoquée.

— Ah bien ! merci ! dit-elle méchamment, la grosse donne dans les curés maintenant… Ça la calmera, cette femme, de se tremper le derrière dans l’eau bénite.

Elle se trompait, Lisa n’était point dévote. Elle ne pratiquait pas, disait d’ordinaire qu’elle tâchait de rester honnête en toutes choses, et que cela suffisait. Mais elle n’aimait pas qu’on parlât mal de la religion devant elle ; souvent elle faisait taire Gavard, qui adorait les histoires de prêtres et de religieuses, les polissonneries de sacristie. Cela lui semblait tout à fait inconvenant. Il fallait laisser à chacun sa croyance, respecter les scrupules de tout le monde. Puis, d’ailleurs, les prêtres étaient généralement de braves gens. Elle connaissait l’abbé Roustan, de Saint-Eustache, un homme distingué, de bon conseil, dont l’amitié lui parais-