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LES ROUGON-MACQUART.

d’exercice dans leurs fonctions ou dignités, ou après avoir été nommés par nous grands-croix de la Légion d’honneur : à nos ministres et aux membres de notre conseil privé ; aux cardinaux, aux maréchaux, aux amiraux et aux sénateurs ; à nos ambassadeurs et aux généraux de division ayant commandé en chef. »

Il s’arrêta un instant, interrogeant l’empereur du regard, pour demander s’il n’avait oublié personne. Sa Majesté, la tête un peu tombée sur l’épaule droite, se recueillait. Elle finit par murmurer :

— Je crois qu’il faudrait joindre les présidents du Corps législatif et du Conseil d’État.

Le garde des sceaux hocha vivement la tête en signe d’approbation, et se hâta de mettre une note sur la marge de son manuscrit. Puis, au moment où il allait reprendre sa lecture, il fut interrompu par le ministre de l’instruction publique et des cultes, qui avait une omission à signaler.

— Les archevêques… commença-t-il.

— Pardon, dit sèchement le ministre de la justice, les archevêques ne doivent être que barons. Laissez-moi lire le décret tout entier.

Et il ne se retrouva plus dans ses feuilles de papier. Il chercha longtemps une page qui s’était égarée parmi les autres. Rougon, carrément assis, le cou enfoncé entre ses rudes épaules de paysan, souriait du coin des lèvres ; et, comme il se tournait, il vit son voisin le ministre d’État, le dernier représentant d’une vieille famille normande, sourire également d’un fin sourire de mépris. Alors tous deux eurent un léger hochement de menton. Le parvenu et le gentilhomme s’étaient compris.

— Ah ! voici, reprit enfin le garde des sceaux : « Article III. Le titre de baron sera concédé : 1o Aux