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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

sait de rassurer le pays, de sauver la France d’un nouveau cataclysme. Aujourd’hui, l’arme est au fourreau. Le gouvernement, qui s’en est toujours servi avec la plus grande prudence, je dirai même avec la plus grande modération…

— C’est vrai !

— Le gouvernement ne l’applique plus que dans certains cas tout à fait exceptionnels. Elle ne gêne personne, si ce n’est les sectaires qui nourrissent encore la coupable folie de vouloir retourner aux plus mauvais jours de notre histoire. Parcourez nos villes, parcourez nos campagnes, vous y verrez partout la paix et la prospérité ; interrogez les hommes d’ordre, aucun ne sent peser sur ses épaules ces lois d’exception dont on nous fait un si grand crime. Je le répète, entre les mains paternelles du gouvernement, elles continuent à sauvegarder la société contre des entreprises odieuses, dont le succès, d’ailleurs, est désormais impossible. Les honnêtes gens n’ont pas à se préoccuper de leur existence. Laissons-les où elles dorment, jusqu’au jour où le souverain croira devoir les briser lui-même… Que vous demande-t-on encore, messieurs ? la sincérité des élections, la liberté de la presse, toutes les libertés imaginables. Ah ! laissez-moi me reposer ici dans le spectacle des grandes choses que l’empire a déjà accomplies. Autour de moi, partout où je porte les yeux, j’aperçois les libertés publiques croître et donner des fruits splendides. Mon émotion est profonde. La France, si abaissée, se relève, offre au monde l’exemple d’un peuple conquérant son émancipation par sa bonne conduite. À cette heure, les jours d’épreuve sont passés. Il n’est plus question de dictature, de gouvernement autoritaire. Nous sommes tous les ouvriers de la liberté…

— Bravo ! bravo !

— On demande la sincérité des élections. Le suffrage