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UNE PAGE D’AMOUR.

puisque les autres ne l’aimaient pas et ne souffraient pas comme elle ?

— Oh ! très-bien, cria tout d’un coup Juliette.

Madame Berthier appuyait la tête à l’épaule de madame de Guiraud, en sanglotant, en répétant :

— « Je suis sûre qu’il l’aime, j’en suis sûre. »

— Vous aurez un succès fou, dit Juliette. Prenez un temps, n’est-ce pas ?… « Je suis sûre qu’il l’aime, j’en suis sûre… » Et laissez votre tête. C’est adorable… À vous, madame de Guiraud.

— « Non, mon enfant, ça ne se peut pas ; c’est un caprice, une fantaisie… », déclama la grosse dame.

— Parfait ! Mais la scène est longue. Hein ? reposons-nous un instant… Il faut que nous réglions bien ce mouvement-là.

Alors, toutes trois, elles discutèrent l’arrangement du salon. La porte de la salle à manger, à gauche, servirait pour les entrées et les sorties ; on placerait un fauteuil à droite, un canapé au fond, et l’on pousserait la table près de la cheminée. Hélène, qui s’était levée, les suivait, comme si elle se fût intéressée à cette mise en place. Elle avait renoncé au projet de provoquer une explication, elle voulait simplement faire une dernière tentative, en empêchant Juliette de se trouver au rendez-vous.

— Je venais, lui dit-elle vous demander si ce n’est pas aujourd’hui que vous faites une visite à madame de Chermette.

— Oui, cette après-midi.

— Alors, si vous le permettez, je viendrai vous prendre, car il y a longtemps que j’ai promis à cette dame d’aller la voir.

Juliette eut une seconde d’embarras. Mais elle se remit tout de suite.