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LES ROUGON-MACQUART.

ments de Rosalie, qui lui avait recommandé d’être gai, demeura-t-il stupide, la figure renversée, en l’apercevant si pâle, réduite à rien du tout. Il était resté sensible, avec ses allures conquérantes. Il ne trouva pas une de ces belles phrases, comme il savait les tourner maintenant. La bonne, par derrière, le pinça pour le faire rire. Mais il parvint seulement à balbutier :

— Je vous demande pardon… mademoiselle et la compagnie…

Jeanne se soulevait toujours sur ses bras amaigris. Elle ouvrait ses grands yeux vides, elle avait l’air de chercher. Un tremblement agitait sa tête, sans doute la grande clarté l’aveuglait, dans cette ombre où elle descendait déjà.

— Approchez, mon ami, dit Hélène au soldat. C’est mademoiselle qui a demandé à vous voir.

Le soleil entrait par la fenêtre, une large trouée jaune, dans laquelle dansaient les poussières du tapis. Mars était venu, au dehors le printemps naissait. Zéphyrin fit un pas, apparut dans le soleil ; sa petite face ronde, couverte de son, avait le reflet doré du blé mûr, tandis que les boutons de sa tunique étincelaient et que son pantalon rouge saignait comme un champ de coquelicots. Alors, Jeanne l’aperçut. Mais ses yeux s’inquiétèrent de nouveau, incertains, allant d’un coin à un autre.

— Que veux-tu, mon enfant ? demanda sa mère. Nous sommes tous là.

Puis, elle comprit.

— Rosalie, approchez… Mademoiselle veut vous voir.

Rosalie, à son tour, s’avança dans le soleil. Elle portait un bonnet dont les brides, rejetées sur les