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444 L’art de Nager

tendu la première. Cependant si l'on ne trouvoit pas toutes mes explications également claires, il ne faudroît point se rebuter pour cela. Il suffira d’en avoir compris quelques unes pour être en état de fuppléer foi- même les autres , avec un peu d atr temion puifqti’eUes portent toutes furun petit nombre de principes fimples & faciles à retenir ; fçavoir , que nos corps fom plus légers que l’eau ; que nos corps ne font pas par* tout ègalemem légers ; qu’il faut donner aux parties^les plus légères un poids caparble de les tenir en équilibre avec les plus pefantes ; que les différenres parties de notre corps ne peuvent acquérir cette variété de poids Jue par la diver(ité de leur pofition , ou par la ré- (lance de Teau.

En s^exerçant à la lifiêre une heure par jour » il faudra retrancher à chaque fois une portion égale des deux cônes , pour le$ diminuer de volume en raifon des forces qu’on aura acquifes. L*homme le plus ftupide fur l’eau , c’eft à dire » le plus craintif , nagera fans aucun fecours avant la quinzaine^ Ceux qui auront d’abord préfcré de plonger » pourront également s’exercer a la lifiêre , lorfqu*ils voudront commencer à nager. Mais j’ai vu des S^erfonnes qui n’avoient pas befoin de cette ref- ’ burce, & qui, après avoir plongé quatre ou cinq i’ours au plus 5 enayoient leurs ferces , en fortant a tête de leau ;, & oe les eflayoîent pas en vain. 11 eft vrai que )*attribuois une partie de leurs fuccès à la confiance qu’elles avoient en moi. Lorfque vous ne ferez plus à la lifière , vous vous accoutumerez à donner à vos memb’Fes divers mouvements pour vous faire avancer. On nage en €hien , on nage en grenouille , on" coupe Veau , on nage en çrtffon , on nage à coups de poings , on nage à coups de pieds , &c.7e vous ai fait nager en grenouille. Mes leçons vous feroient inutiles pour nager autrement ; il vous luiEra de regarder un nageur une fois ; mais fouvenezvous que celui qui ne nage que d’une manière eA bientôt fatigué , oc que celui qui ulonge ne TeA jamais. Jufqu’ici )’ai luppofé que vous nagiez dans une eau morte ; mais lorfque vos forces vous le permettront , ne négligez pas de vous exercer dans les «aux courantes. C’eftià feulement qu’on peut déployer toutes les reflburces dont on aura befoin dans les grands daneers. Le philofophe qui vouloir apprendre à fon difctple à traverier l’Hellefpont dans les canaux de fon jardin , n’étoit pas nageur. )e ferois graver des milliers de planches en tailledoqce, quMles n*enfeigneroient point comment 4pn peut gatder fur Teau certaines poAures. . Les ’ m<3^ns qu’on y emploie dépendent du poids du corps , de ïa conformation , du poids de Teau , de h profondeur , de fa rapidité , de fon agitation ; eniorte que le plus habile napur emploie d’autres moyens fur la 5eine , fur le Rhîn , fur le Rhône & ; dans rOcéan. Mais il ne faut pas croire que la découverte de ces diflerents moyens exige de profondes tiûexions ; le nageur le plus borné en &it. Nager. « 

autant là-defliis que le nageur qui profeATelaphjrfi* que ; fembiable à ces brutes qui fe perchent fur le bord d’un précipice , après s’être auurés que le roc qui eft fous leurs pieds efl aflèz fort pour les foutenir.

Il eA cependant deux ou trois préceptes généraux qui épargneront à mon leâeur oivcfies tentatives ; les voici.

Pour nager debout , fans le fecours des bras, il faut écarter les jambes le plus qu’on pourra , & mar* cher dans cette ficuation. Si » maigre cet écart , on enfonçoit , il faudroit plier les jambes & marcher à genoux.

Si l’on veut nager debout dans une rivtèrç , il faut fe grefenter incliné contre le courant, afin de n’être pas culbuté par l’eau , dont la rapidité ai^mente à mefure qu’elle eft éloignée du fond. Si en nageant dans une eau morte , on fe trouve arrêté par des herbes , il ne faut point batailler pour s’en débarraïïer de force , mais s’arrêter tout de fuite, dégager d’abord les bras fans les fortîr de l’eau ; charger fes poumons de beaucoup d’air » fi Ton a de la peine à fe foutenir ; & pour reprendre fa refpi ration, pofer les mains horifontalement ^ ainfi que les br^s. On répétera la chofe suffi fouvent qu’on en aura befoin.

Les bras étant dégagés, on ôte les herbes qui peuvent s’être entortillées autour du cou ; enfuiie on

que

fe met debout , & d’une feule main » tandis . î Tautre eft à la furface de l’eau , on tire délicatement & brin à brin toutes les herbes qui font autour des jambes & des cuifies.

Votre corps étant bien nettoyé» le plus fflr ; pour vous tirer de ce mauvais pas , eft de vous étendre fur le ventre , les cuifles & les jambes jointes & immobiles. Vous vous coulerez à travers les herbes en nageant des bras feulement. Si Tefpace vous manque pour les déployer autour de vous, âl faudra les mouvoir «« chien ^ & vous êtes hors de danger.

Je viens de parler, pour la première fois , du parti au’un nageur peur tirer de laîr en Vaccumulant dans fes poumons. Ce moyen d’allé«r le corps , toutes les fois que les autres ne fumfenc pas , eft fi naturel , que la plupart des écoliers fe gonflent dans Teau dés la première leçoQ, fans qu’ils en apperçoivent eux mêmes. > Il me refie à donner quelques avis aux plongeurs.

Puifque wnts les hommes ne^fent pas é^alemeflC lourds relativement à leur volume , tous n ont pas la même facilité de pénétrer dans le fein dcseaus. Bien plus, il en eft qui éprouvent une impoftîbilitè abfolue de plonger. Tài vu à Naples un eccléfiafttqueti chargé de graiffe , qu’il fe promenoit dans Ja mer fans fe mouiller plus haut que la ceinture, Îiuelqucs efforts qu’il fit pour enfoncer. Je fuli peruadé que fi une malsdie le maigriflbit an point de lui enlever cette faculté , il n’oftroit pks fe confier à l’eaufans avoir appris à nagci^î il too« dansJe