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FAÇONNER ; en terme de jardinage, c’est l’art de former & de dresser la terre, les arbres & les plantes. C’est labourer, sarcler, faire les fouilles, dresser, tirer au râteau, répandre les fumiers, les enfouir, arroser, biner, & faire à d’égard de la terre, & des plantes tout ce qui est requis pour les cultiver. Communément on donne trois façons à la terre, aux vignes & aux arbres ; savoir : labour d’hiver, labour du printemps, & un labour au commencement de l’été.

FACTICE. (terre) C’est une terre préparée & composée de differens engrais ; telle est celle qu’on destine aux orangers.

FANAGE ; action de remuer les plantes, après qu’on les a coupées, afin que le soleil ou le hâle les dessèche.

FANER ; c’est remuer les herbes qui ont éré fauchées, & les retourner par le moyen de râteaux, de bois dentelés des deux côtés. Quand les foins ont été ainsi fanés, & qu’ils sont bien secs, on les serre dans des granges, ou on les met en meules.

FANER, (se) Ce terme se dit dans le jardinage, des feuilles & des fleurs des végétaux qui sont penchées, & paressent flétries, ce qui annonce le besoin qu’elles ont d’arrosement ou d’autres secours. Les plantes nouvellement replantées se fanent, jusqu’à ce qu’elles aient repris.

FATIGUER un arbre ; c’est lui donner ou lui laisser trop de charge relativement à sa force ; c’est aussi le tourmenter par un trop grand nombre de tailles, ou de plaies qui l’épuisent.

On dit aussi fatiguer une terre, quand on lui fait rapporter ou produire trop long-temps, sans la laisser reposer.

FAUCHER. Personne n’ignore la manière de couper le bled, ou plutôt sa paille avec la faucille, c’est la pratique la plus ancienne & la plus commune ; mais il y a des cantons où on fauche les bleds, soit avec la faux ordinaire, soit avec une petite faux usitée en Allemagne ; & quand on se sert de l’une de ces faux, on peut couper de deux manières, soit en déplaçant la paille coupée & la portant sur le côté, soit sans la


déplacer, comme on fauche les prés ; c’est la nouvelle manière usitée en Angleterre.

Dans celle-ci le faucheur fait tomber ce qui est coupé sur le bled qui ne l’est pas, ce qui donne plus de facilité pour le ramasser ; ce sont des femmes qui suivent le faucheur, qui prennent par brassées le bled coupé & le portent en tas, que des hommes qui suivent les femmes lient en gerbes. Cette pratique qui est très-expéditive, épargne beaucoup de dépense ; d’ailleurs faucher ne coûte pas moitié tant que de couper avec la faucille, d’autant plus qu’une partie de l’ouvrage est faite par des femmes. En fauchant le bled on gagne aussi beaucoup de paille qui est très-profitable au fermier, soit qu’il l’emploie, soit qu’il la vende.

D’un autre côté, il faut considérer que le bled s’égraine davantage en le fauchant & on en perd ; en outre, la paille coupée si bas contient plus de mauvaises herbes, & il est par conséquent nécessaire de laisser plus long-temps les gerbes dans les champs pour que cette herbe sèche ; car les mauvaises herbes retiennent plus d’humidité, & plus long-temps que la paille. Cette objection contre l’usage de la grande faux pour couper les bleds, mérite attention ; car il y a beaucoup d’inconvéniens à laisser les gerbes sur le champ à cause des pluies & orages.

L’usage de la faux au lieu de faucille, influe encore sur la dépense du battage ; il en coûte davantage pour faire battre du bled fauché, que pour battre du bled coupé à la faucille ; car la paille du bled fauché étant plus longue, & contenant plus de mauvaises herbes, le battage sera plus difficile, plus long, & par conséquent plus coûteux.

Ce que l’on épargne ou ce que l’on gagne en fauchant le bled, au lieu de le couper à la faucille, est peu de chose, & va au plus de 36 à 48 sous par arpent, mais le battage du bled fauché coûtera environ cela de plus que le battage du bled coupé à la faucille. Ainsi on doit se déterminer sur le choix de la faux & de la faucille par les considérations suivantes : Si on emploie la faux, il faudra risquer davantage que la moisson soit mouillée, parce qu’on est obligé de la laisser sur le champ pour sécher l’herbe ; mais on aura une plus longue paille : si on coupe le bled à la faucille, on aura un peu moins de paille, mais on ne rísquera pas tant que la moisson soit mouillée, puisqu’on pourra l’enlever à mesure qu’on