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avec la charrue sur un ou deux pas de long ; & quand la charrue est dans la terre à une profondeur convenable, il faut attaches alors le sembrador au train de la charrue de telle façon que les clous des roues puissent s’accrocher à la terre, & les faire tourner uniformément.

3°. Les oreilles de la charrue étant plus larges qu’on ne les a faites jusqu’à présent, il en résultera deux avantages : premièrement, elles donneront plus de largeur aux sillons pour recevoir les semences, & elles recouvriront mieux ceux qui sont ensemencés ; secondement, elles empêcheront que les grosses mettes de terre & les pierres ne donnent des coups contre le sembrador ; au cas que ces mottes n’aient pas été brisées & les terres enlevées ; mais s’il y avoit dans un terrain une si grande quantité de pierres que la charrue ne pût y pénétrer, alors le laboureur doit passer outre, en enlevant la charrue jusqu’à ce qu’il retrouve une terre praticable ; il faut enlever en même-tems le sembrador, dont le poids très-léger ne fait point un grand embarras au laboureur.

4°. Quand une seule paire d’oreilles ne suffit point à la charrue pour écarter les mottes de terre & les pierres, on pourra y ajouter une autre paire d’oreilles de quatre ou cinq pouces plus hautes que les premières, & de même grosseur, que l’on placera dans un endroit convenable, du train de la charrue, & cependant un peu en arrière des autres oreilles ; par ce moyen, le sembrador sera parfaitement garanti & défendu contre les pierres & les mottes de terre, comme l’expérience l’a fait voir.

5°. Au rapport des fermiers les plus expérimentés, le tems propre aux semailles est quand la fleur de la terre est sèche, ou qu’elle approche un tant soit peu de l’humidité ; dans l’un ou l’autre de ces cas, les roues de ce nouvel instrument tourneront sans obstacle, & les trous par où tombent les semences ne seront pas fermés par la boue.

6°. Quand on se servira du sembrador comme il convient, on sèmera en froment trois célamines ou environ un quart de boisseau ; & en orge, cinq célamines ou un demi-boisseau dans autant de terrain qu’il en faudroit pour semer environ un boisseau & demi suivant l’usage ordinaire. Si, dans cette proportion, il se trouve plus ou moins de semence, cela proviendra de quelque défaut dans l’instrument, ou de la négligence du laboureur.

7°. Il faut proportionner les cuillières aux grains, & en faire faire exprès pour chaque espèce de semence.

8°. On doit faire les sillons très-près les uns des autres, en sorte que la charrue en repassent puisse mieux recouvrir le précédent sillon qu’on vient d’ouvrir & de semer.

9°. Après avoir ensemencé un terrain, on doit le rendre aussi uni qu’il est possible, à l’exception des sillons qu’on a faits pour l’écoulement des eaux, comme cela s’est pratiqué jusqu’à présent ; mais il suffira d’en laisser un à chaque distance de quatre verges ; car l’expérience nous a appris qu’un terrain où on n’a laissé aucuns sillons ouverts, rapporte plus de bled que celui où on en a laissé beaucoup, par la raison que dans ce dernier cas, le froment, l’orge ou d’autres grains sont sujets à dépérir par la sécheresse ; & c’est à quoi l’on doit sur-tout prendre garde en Espagne, qui est l’une des plus sèches contrées de l’Europe.

10°. On a observé en 1664, dans plusieurs endroits de l’Espagne, que les terres ensemencées au mois de septembre avoient produit de meilleur grain que celles qui l’avoient été en octobre ; & celles emblavées en octobre, du bled mieux conditionné que celles semées en novembre ; ce qui prouve qu’il est plus avantageux de semer tôt que tard. (Recueil académique).

SEMENCES. Toutes les semences demandent d’être recueillies bien mûres, bien nettoyées, & conservées dans un lieu sec pendent l’hiver, enfermées dans un petit sac étiqueté de leur nom & de l’année de leur récolte, pour celles qui se conservent plusieurs années, ce que le manuel ci-après indiquera suffisamment.

Il faut toujours choisir ce qu’il y a de plus beau, pour le laisser grainer : on aura de bonnes semences de melons & de choux-fleurs, en faisant ce qui est dit à ce sujet aux articles de ces plantes.

L’expérience nous apprend que, dans le jardinage ainsi que dans le reste de l’agriculture, il est souvent avantageux de changer les semences, sur-tout quand on s’apperçoit que l’espèce n’est plus si belle que les années précédentes.

Il faut alors tirer les semences de quelque contrée voisine, ou de quelque ami sûr qui demeure dans cette contrée, avec lequel on fait des échanges.

Faites toujours tremper vos semences, vingt-quatre heures ou environ, dans de l’eau de fontaine, rivière ou ruisseau : ne vous servez d’eau de puits qu’à défaut d’autre ; n’y mettez jamais ni vin, ni autres ingrédiens : c’est une invention de quelques jardiniers charlatans, qui n’est propre qu’à gâter les semences.