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belles que quand la terre a été deux préparée par deux ».

Un des grands avantages de la méthode de cultiver adoptée par Duhamel, consiste à pouvoir cultiver les plantes annuelles, pendant leur végétation. Lorsque le printems est favorable, celles qui ont résisté à la gelée poussent vigoureusement ; c’est alors, dit-il, qu’il faut aider à leur, accroissement par des labours de culture. Quoique la terre ait été bien ameublie par le labourage de préparation, elle a eu le tems de se durcir, & de former à la superficie une croûte qui la rend impénétrable à l’eau. Pour obvier à cet inconvénient, & rendre facile la culture des plantes annuelles, Duhamel a imaginé de diviser une pièce de terre par planches, comme on le verra dans la suite, afin de pouvoir donner quelques labours aux plantes pendant qu’elles croissent. Il fait ordinairement donner le premier labour de culture après l’hiver, afin de disposer la terre à profiter des pluies, des rosées : à mesure que la mauvaise herbe pousse, on en donne un second pour la détruire ; lorsque le grain commence à se former, on fait le troisième labour de culture, parce que c’est le tems où la plante a besoin d’une plus grande partie de substance pour parvenir à donner des épis longs & bien fournis en grains. Le nombre, des labours de culture est relatif à la qualité des terres sujettes à produire plus ou moins de mauvaises herbes ; Duhamel les multiplie en proportion de ce défaut, mais non pas dans le tems pluvieux.

Cet auteur n’est pas du sentiment des anciens, qui ne labouroient point les terres lorsqu’elles étoient sèches, humides, gelées ; il pense, au contraire, qu’un labour de préparation, fait pendant la sécheresse, ne peut point être nuisible : dans cette circonstance, on détruit les mauvaises herbes avec bien plus de succès. Un labour fait pendant la sécheresse, loin d’épuiser la terre, la prépare au développement des principes de sa fertilité, en la mettant dans l’heureuse disposition de profiter des influences bienfaisantes de l’atmosphère, dont elle seroit privée tant que sa surface formeroit une croûte impénétrable à l’eau. Quoique l’auteur observe que les labours faits pendant la sécheresse ou pendant la gelée, sont utiles à la terre, il préfère ceux qu’on exécute par un tems ni trop sec ni trop pluvieux.

Les terres sur lesquelles il n’est pas possible de multiplier les labours, ont besoin d’engrais. L’auteur s’est occupé des moyens de les employer utilement : il pense qu’un tems pluvieux est la circonstance la plus favorable aux transports des fumiers, parce que la terre ne perd rien de leur substance, qui s’évapore facilement, si le soleil


est trop vif. Comme on n’est pas toujours libre de choisir le tems le plus convenable à leur transport, dans pareille circonstance, il faut mettre tous les fumiers en tas, les couvrir de terre, afin d’empêcher l’évaporation, & les répandre seulement avant de labourer : sans cette précaution, il ne resteroit que de la paille à enterrer, qui ne seroit pas d’un grand secours pour améliorer le terrain. Quand les fumiers sont transportés, dans l’intention de les enterrer tout de suite, il faut les étendre à mesure qu’on laboure, pour les couvrir avant la pluie ; autrement l’eau qui les délayeroit, entraîneroit la meilleure partis de leur substance.

Duhamel conseille de transporter les engrais avant le labour à demeure, de les étendre tout de suite, & de les enterrer. Il y a des cultivateurs qui étendent les fumiers seulement avant de semer, & les enterrent avec la semence. Cette méthode est vicieuse, parce qu’il y a des grains qui peuvent se mêler avec des tas de fumier où ils pourissent, quand ils ne sont pas dévorés par les insectes qui s’y trouvent.

Art d’ensemencer.

La nouvelle méthode d’ensemencer les terres, introduite par Duhamel, se trouve conforme à celle de Lignerolk. Voici de quelle manière le terrain est disposé.

« Supposons, dit Duhamel, une pièce de terre bien labourée à plat & bien unie, prête à recevoir la semence & à prendre la forme qu’on voudra lui donner ; supposons encore que la terre soit assez bonne, qu’elle ne soit pas trop difficile à travailler, & qu’on veuille y faire des planches de quatre tours de charrue, ou de huit raies, qui produiront sept rangées de froment : comme c’est la première fois qu’on ensemence cette pièce suivant la nouvelle culture, il faut la disposer de façon qu’il y ait alternativement une planche de guéret & une ensemencée ; ce qui servira tant qu’on la cultivera suivant la nouvelle méthode. En commençant par laisser à une rive de la pièce la planche de guéret, il faut compter 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 raies de guéret : voilà la planche qui restera en guéret cette année, & qu’on ensemencera l’année prochaine ; parce qu’il faut dix raies de guéret pour faire une planche de quatre tours, formant huit raies de planches qui produisent sept rangées de bled. Pour ensemencer, on compte 1, 2, 3, 4 de ces dix raies ; on fait répandre du bled à la main sur les deux cinquièmes raies qui doivent former le milieu de la planche ; ainsi les cinquièmes raies se trouvent adossées par les quatrièmes, en même-tems qu’on forme une enréageure : par ce tour de charrue, ou par les deux