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traits, la semence qu’on a répandue, se trouve enterrée sur le milieu de la planche, &, quoiqu’on ait répandu du grain dans les deux raies S, il n’en résultera à la levée qu’une forte rangée, qui équivaudra à deux.

» Après avoir fait répandre du grain dans les deux siilons qu’on vient de former, on pique un peu moins dans le guéret ; on fait un second tour de charrue, qui recouvre le grain qu’on vient de semer, & on forme deux nouvelles raies.

» Ayant fait répandre du grain dans les raies à mesure qu’on les forme, & ayant fait un troisième tour, la planche est entièrement formée par huit raies qui ne doivent donner que sept rangées de froment, les deux premières n’en produisant qu’une, qui est, à la vérité, plus forte que les autres.

« Il est bon de faire attention, 1o. qu’afin que les planches aient leur égout dans les raies qui les séparent, il faut qu’elles fassent un cintre surbaissé : c’est pour cela qu’on pique profondément les raies 4, 4, & qu’on en renverse la terre sur les raies 5, 5, pour former ce qu’on appelle l’ados d’une planche ; & on pique de moins en moins les raies 3, 3, 2, 2, 1, 1, afin que la pente soit bien conduite depuis l’ados, jusques & comprise la dernière raie.

« 2o. Qu’il faut huit raies de guéret pour quatre tours de charrue, formant huit raies de planches qui ne produisent que sept rangées de froment ; parce que, comme il a été dit, l’ados n’en produit qu’une sorte qui équivaut à deux. Si l’on veut faire les planches plus étroites, on ne prend que huit raies de guéret pour trois tours de charrue, formant six raies de planches qui, ne produisent que cinq rangées de froment. Si l’on ne prenoit que six raies, pour deux tours de charrue, formant quatre raies de planches, on n’auroit que trois rangées de bled : ces planches sont très-étroites & bordées de deux sillons. Quand il n’y a que l’ados formé de deux raies poussées l’une contre l’autre par-dessus les deux du milieu qu’elles couvrent, on ferme ce qu’on appelle un billon qui ne porte qu’une rangée de froment. On conçoit que la charrue à versoir opère le labour, d’abord en poussant deux raies l’une contre l’autre qui forment l’ados & deux fonds de raies de chaque côté, qui fournissent des enréageures pour former successivement le nombre des raies qui doivent composer une planche de quelque largeur qu’elle soit, laquelle finit, & est bordée par deux fonds de raies ou sillons dans lesquels on enréage quand on bine, pour remettre la terre où on l’avoit prise au premier labour : ainsi elle change de place, comme quand on laboure avec les charrues à tourne-oreille.

» Les soins dont on vient de parler pour les premières façons, n’ont pas lieu lorsqu’on guérète ou lorsqu’on bine : comme alors il n’est point important de donner un écoulement aux eaux, on ne fait point d’ados, & on pique également dans toute la largeur des planches.

» Le grain qui se trouve répandu sur les deux raies dont l’ados d’une planche est formé, doit réussir, parce qu’il étend ses racines dans le guéret sur lequel on le répand, & dans la terre des deux raies qu’on creuse pour former l’ados ; de sorte que le grain jouit presque de la terre de quatre raies. Le grain des deux rangées qui suivent immédiatement, est encore bien pourvu de terre, puisqu’il jouit du revers des deux premières raies de l’ados & des deux secondes raies qui le couvrent. Les troisièmes rangées qui sont les cinquièmes de la planche,quoique moins relevées que les précédentes, fournissent encore assez de substance au grain, parce qu’il est assis sur un bon guéret & recouvert de la terre qu’on prend aux dépens de la dernière rangée. Ces rangées qui terminent les deux côtés de la planche, sont par conséquent les plus mal situées, & les moins fournies de guéret : on s’en apperçoit à la récolte, car elles sont les plus foibles de toutes : ainsi elles ont plus besoin que toutes les autres des secours qu’elles ne peuvent recevoir qu’en pratiquant la nouvelle culture, par l’adossement qu’on peut leur donner aux dépens de la planche voisine qui reste en guéret. Les labours que les plantes de ces rangées reçoivent au printemps, suffisent pour leur donner autant de vigueur qu’à celles du milieu des planches. Cette pratique s’étend également sur tous les autres grains, la luzerne, les sainfoins, &c. »

Duhamel est persuadé que rien ne contribue plus aux progrès des végétaux, que des labours faits, à propos pendant l’accroissement des plantes. L’expérience lui a découvert trois principaux moyens, afin d’obtenir des récoltes abondantes : ils consistent 1o. à faire produire aux plantes beaucoup de tuyaux ; 2o. à faire porter un épi à chaque tuyau ; 3o. à cultiver de façon que chaque épi soit entièrement rempli de grains bien nourris. Comme on ne peut, dit-il, opérer ces effets que par des labours réitérés, ce n’est pas en suivant la manière ordinaire d’ensemencer, qu’on les obtiendra, parce qu’il n’est pas possible de cultiver les plantes pendant leur végétation.

Si on veut que les plantes profitent des labours de culture, il est important de les faire dans des circonstances favorables. Duhamel pense, ainsi que Châteauvieux, que le premier labour de culture a pour objet, 1°. de procurer l’écoulement des eaux ; 2°. de préparer la terre à être ameublie par les gelées d’hiver. Il est donc essentiel de faire ce premier labour avant que la terre