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beauté particulière du plus grand nombre des parties du corps.

Il reste à distinguer, d’après ces observations, les parties qui coopèrent au mouvement du corps entier, & celles qui n’y ont point de part ou qui n’en ont qu’à des mouvemens particuliers. Telle est la tête, par exemple, & sur-tout les parties apparentes qui la composent.

On ne peut rapporter au mouvement la beauté du nez, des sourcils, des cheveux, ni même entièrement celle des yeux, ainsi que des lèvres & de la bouche ; mais chacune de ces parties a cependant quelques mouvemens propres & destinés à des usages particuliers qui sont plus ou moins favorisés ou contrariés par les proportions & les dimensions que la nature ou les accidens leur donnent.

Commençons par la forme de la tête, puisque j’en ai parlé d’abord.

La forme de la tête peut être ronde, ovale dans sa longueur, ou bien étendue dans sa largeur.

Est-elle ronde ? Les parties qui la composent, privées du développement que leur procure une dimension plus allongée, ont moins de facilité & d’aisance à remplir leurs fonctions. D’une autre part, dans cette forme, les parties se trouvant plus serrées, n’offrent pas à ceux qui regardent l’ensemble, l’agrément de les appercevoir aussi complettement & sous des aspects aussi agréables.

Si la tête se trouve d’une proportion étendue en largeur, cette proportion défectueuse contrarie la forme générale du corps qui s’élève de partie en partie, & dont la dernière doit avoir naturellement une forme plutôt allongée qu’élargie, pour offrir moins de pesanteur, relativement au col & aux épaules.

La tête est-elle enfin ovale en longueur & tellement proportionnée dans cette forme que toutes les dimensions de cet ovale ayent d’agréables rapports, elle offre la beauté qui lui convient, sur-tout si sa surface entière a cette dimension. Si la forme ovale est donc celle de toute sa surface, chacune des parties qui doivent y avoir place, s’y trouvera disposée facilement ; toutes seront dégagées les unes des autres, elles ne se nuiront pas, & la satisfaction du sens de la vue sera un résultat de la relation des proportions & dimensions de formes & de celle de la disposition des parties. Cette satisfaction est, sans doute, le principe qui nous fait donner le nom de belles aux têtes qui ont cette forme. Au contraire, si la tête est plate dans quelque partie de sa surface, & sur-tout dans celle du visage, elle produit une impression froide & peu satisfaisante, parce que les parties qui s’offrent trop à découvert & dans des aspects qui ne changent pas assez souvent au


regard de ceux qui l’observent de différens points, manquent de ce qu’on nomme mouvement, pris dans le sens qu’on lui donne en Architecture. Ainsi les façades de bâtimens qui sont monotones, parce qu’elles n’offrent qu’un plan uniforme, s’appellent des façades plates, froides, & comme je l’ai dit, sans mouvement ; au-lieu que celles dans lesquelles des parties justement proportionnées, mais plus saillantes les unes que les autres, offrent des aspects plus variés, ont, pour parler ainsi, du mouvement & de la vie.

Il reste à dire un mot de la forme de la tête, lorsque le visage, au lieu d’avoir la convexité d’un bel ovale, a une forme trop convexe ou concave. Alors toutes les parties altérées dans leur forme imparfaite, se dérobent aux regards les unes par les autres, ou présentent des aspects irréguliers, qui non-seulement n’inspirent pas l’idée satisfaisante de la beauté, mais excitent le plus souvent un sourire qui tient au ridicule.

Aussi les physionomies qu’on appelle comiques, ont-elles ordinairement plus ou moins de cette forme trop convexe ou trop concave, & les masques de théâtre, destinés à faire rire, l’empruntent. Elles y joignent aussi des irrégularités tirées de l’excès des autres formes des parties. Ainsi le masque d’Arlequin présente une tête ronde, un nez applati, une bouche qui rentre, qui s’élargit, de petits yeux, &c. Il sera facile de faire des observations d’après ces élémens, soit dans la Société, soit au Théâtre ; j’en laisse le soin aux Observateurs & aux Artistes.

Je vais présentement passer aux principales parties de la tête.

Le nez, en ne considérant que les modifications les plus générales, peut être ou court, ou long, ou épaté, ou serré, ou aquilin, ou courbé en dedans. S’il est court, il devient disproportionné aux autres parties, il les découvre trop à l’œil, il occupe trop peu de l’espace qui lui est destiné. Ce n’est pas tout, il a des inconvéniens pour le son de la voix, pour la respiration, d’où en résultent d’autres encore, & il est naturel que cette forme paroisse contraire à la beauté de cette partie, sur-tout parmi les nations où l’on observe & où les Arts sont cultivés. Si le nez est très-long, les inconvéniens contraires à ceux que je viens d’exposer, s’opposent aussi à la dénomination de beauté. La longueur cache trop certaines parties de la tête dans plusieurs aspects, & se trouve disproportionnée avec celles qui seroient dans des proportions plus justes. La grosseur entraîne ses inconvéniens, l’applatissement de même. Le nez aquilin, s’il l’est avec excès, a de la difformité. Est-il courbe dans un sens contraire ? il offre encore quelques-uns des inconvéniens dont j’ai parlé. Enfin, est-il d’une dimension, d’un contour & d’une forme, telle que l’antique nous l’offre


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