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L’opération qu’on exécute avec le Brunissoir s’appelle Brunir.

BU

BURIN, BURINER. Le burin est un outil d’acier, taillé & aiguisé de manière à couper le bois, l’or, l’argent, le cuivre & les métaux même les plus durs ; il est employé dans la Gravure & il y est principalement destiné à opérer sur le cuivre rouge, qu’un long sage fait regarder comme le métal le plus propre a l’Art de graver.

On trouvera des détails relatifs au burin & la représentation des différentes figures qu’on lui donne, relativement aux effets qu’on en attend, dans le second Dictionnaire & dans les planches qui y ont rapport.

Buriner, c’est se servir du burin.

Ce que je puis ajoûter de théorique à cette première notion, c’est que la Gravure au burin est incontestablement celle qui atteint le plus la perfection dont l’Art de la Gravure est susceptible. Cette manière de graver a été portée au plus haut point de perfection par les Edelinks, les Drevets & d’autres Artistes que j’aurai occasion de citer avec plus de détail.

L’Art de graver au burin a dégénéré dans ce siècle, où l’on s’occupe cependant plus généralement des Arts qu’on ne faisoit avant, & qui est si abondant en productions de la Gravure, qu’on a peine à concevoir comment le papier, les presses & les acheteurs peuvent y suffire. Au reste, c’est cette abondance d’ouvrages qui appauvrit l’Art. Inopem me copia fecit, est une sorte de devise qui ne convient que trop de nos jours à la Gravure. Sans entrer dans des détails à ce sujet, sur lesquels je m’étendrai au mot GRAVURE, je dirai seulement que cet Art étant devenu d’un usage infiniment plus habituel & plus général, soit pour l’utilité, soit pour l’agrément, il en est résulté qu’un bien plus grand nombre d’Artistes s’en sont occupés ; mais par cette raison, la concurrence a engagé ces Artistes à chercher avec une sorte d’émulation mercantile, les moyens d’abréger le travail, d épargner sur le temps & de gagner davantage. On a eu recours plus que jamais à l’eau-sortes à des outils, à des préparations qui demandoient moins de tems, d’études & de soins que le burin ; enfin le plus grand nombre d’Artistes de ce genre a regardé, que la perfection de la Gravure seroit d’en rendre les opérations aussi expéditives, s’il étoit possible, que les manières de dessiner les plus promptes. De-là les gravures imitant le lavis, imitant le crayon, en manière noire, les gravures colorées par le moyen desquelles on a voulu exécuter & multiplier sous la presse des tableaux, ce qui est absolument impossible, c’est-à-dire, ce qui ne peut jamais approcher que de très-loin de la Pein-


ture. Chacun de ces moyens d’opérer en Gravure a cependant ses avantages particuliers & des usages auxquels ils sont propres ; aussi je suis bien éloigné de les bâmer en eux-mêmes ; mais la cupidité qui en a multiplié bien ou mal-à-propos l’emploi, pour suppléer seulement à ce qui demanderoit plus de tems, plus d’études & de soin, est ce qui a, non-seulement nui au perfectionnement de la Gravure au burin, mais qui l’a fait presque absolument négliger au détriment de l’Art & à la honte du goût. Il y a donc, & je le dirai avec plus de détails ailleurs, il y a donc dans les Arts & dans les subdivisions des Arts, des manières d’opérer propres à certains usages, qui, perfectionnées pour ces usages, peuvent & doivent être estimées ; mais si ces manières d’opérer sont employées aux genres & aux objets auxquels elles ne sont point propres, non-seulement elles sont mauvaises, mais encore elles deviennent très-préjudiciables aux Arts & au goût.

La plus grande partie des personnes qui ne sont point assez initiées dans la pratique & dans la théorie du Dessin, de la Peinture & de la Gravure, ignorent qu’elles sont les différentes manières de graver, & ne peuvent sentir la vérité des notions générales que je viens d’exposer. Il seroit difficile, à moins qu’on ne s’étendît beaucoup, de leur faire comprendre clairement la supériorité de la manière de graver au burin ; & ce n’est pas ici la place de ces explications qui se trouveront au mot Gravure & autres. Ainsi je me contenterai de ces premières idées, que comprendront certainement les Artistes & ceux qui sont instruits, soit par l’observation, soit par le raisonnement, soit enfin pour avoir suivi les Artistes qui s’occupent de la Gravure dans leurs différentes opérations.

BUSTE. Buste, est un terme plus généralement adapté à la Sculpture qu’à la Peinture. Cependant il entre aussi dans son langage, par exemple, à l’occasion du portrait. Ce genre de Peinture produit en effet beaucoup plus de bustes que de figures entières.

On appelle baste, la représentation des parties supérieures du corps humain, c’est-à-dire, la tête, les épaules, une partie de la poitrine, & enfin les représentations de la figure humaine qui ne passent pas la ceinture. il résulte de cet usage plus général de peindre le portrait en buste, que la plupart des Peintres de ce gerce se trouvent embarrassés, lorsqu’il s’agit de représenter la figure entière. Il arrive même, parce que l’intérèt pécuniaire du plus grand nombre est de borner le portrait qu’on desire à la partie la plus intéressante, qui est la tête, que les Peintres de portrait, peu habitués à étudier la nature par des Académies, se trouvent même embarrassés à dessiner & à disposer les bras & les mains. Il est donc nécessaire, on ne peut trop le répéter, aux Peintres de por-