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CON CON 147

CONTRE-ÉPREUVE. CONTRE-ÉPREUVE . (subst. fém.) Terme de dessin & de gravure. On couvre d’une feuille de papier blanc & mouillée le dessin, mouillé lui-même, ou l’épreuve d’une gravure encore fraîche, & on les passe sous la presse d’un imprimeur en taille-douce ; alors le dessin ou l’estampe se trouve répété en sens contraire sur la feuille de papier qui y étoit appliquée. Ce double du dessin ou de l’estampe est plus foible que ne l’étoit l’estampe ou le dessin, qui eux-mêmes sont plus ou moins affoiblis suivant que la presse étoit plus ou moins chargée. Alors le dessin est fixé, l’on ne craint plus qu’il s’efface par le frottement. Ce n’est pas par la même raison que l’on tire une contre-épreuve d’une estampe, puisque le noir à l’huile qu’on emploie pour l’imprimer en assure lui-même la fixité : mais cette opération est utile aux graveurs, parce qu’elle leur montre l’estampe a laquelle ils travaillent dans le même sens que le dessin ou tableau qu’ils copient, & qu’elle leur fait voir plus aisément s’ils s’en sont écartés. Cependant les graveurs négligent assez ordinairement de se procurer une contre-épreuve de leurs estampes. Je ne condamne pas leur pratique ; mais je pense qu’il est avantageux de regarder son ouvrage sous tous les aspects qu’on peut se ménager, sur la planche, sur l’épreuve, sur la contre-épreuve & au miroir. (Article de M. Levesque).

CONTRE-HACHER, Terme de dessin. C’est couper par de nouvelles hachures les premières hachures ou Lignes de crayons qu’on a tracées. Ces nouvelles hachures se nomment des contre-hachures . Elles doivent tendre à former avec les premières plutôt des losanges que des quarrés. (Article de M. Levesque).

CONTRE-TAILLE, terme de gravure. C’est une seconde taille dont on coupe la première que l’on a tracée. Si l’on veut imiter de la pierre on coupe le premier rang de tailles de manière que les contre-tailles y forment des quarrés : mais pour imiter de la chair ou des draperies, on affecte d’approcher plutôt du lozange que du quarré. Cependant le lozange outré devient désagréable parce que les sections que les contre-tailles font avec les tailles produisent un noir qui ne s’accorde pas avec le reste du ton. Les graveurs disent que ce travail maquerotte. Le travail le plus agréable est celui qui tient le milieu entre le quaré & le lozange. Si l’on hasardoit des lozanges outrés à des travaux qui devroient passer à l’eau-forte, elle mordroit les sections formées par les tailles & les contre-tailles bien plus vivement que le reste du travail, & l’on risqueroit d’être obligé de recouvrir long-temps avant que la totalité de l’ouvrage fût assez mordue. (Article de M. Levesque).



CONVENANCE (subst. fém.) Les couvenances n’appartiennent point à l’essence de l’art ; mais elles en sont une des plus importantes dependences. Un Tableau restera toujours un excellent ouvrage de peinture, si les parties essentielles de l’art y sont d’une grande beauté, quoique le peintre y ait minqué aux convenances d’histoire, de costume, &c. : mais en jouissant de ses talens, on regrettera qu’il n’ait pas observé les convenances.

Les tableaux vénitiens sont remplis d’anachronismes, de fautes contre l’histoire & contre le costume : & quoique en même-temps ils ne soient pas d’une grande correction de dessin, on leur pardonne toutes ces défectuosités en faveur du pinceau, de la couleur, & de l’imitation des plus riches étoffes.

Rembrandt dessinoit encore plus incorrectement que les Vénitiens : il étoit encore bien plus bizarre & beaucoup moins riche dans le costume : on prétend qu’il appelloit ses antiques de vieilles armures, de vieilles hardes barbares, bien plus convenables à un cabinet du curiosités, qu’au cabinet d’étude d’un artiste ; mais il réunissoit à un si haut degré les qualités qui constituent le peintre (je ne dis pas le dessinateur) qu’on est captivé par l’admiration quand on voit ses ouvrages, & qu’il ne reste plus assez de liberté pour lui faire des reproches.

Mais si les vrais connoisseurs ont cette indulgence en faveur de l’ignorance de quelques artistes, de leur humeur capricieuse, du goût de leur école, ils proportionnent cependant cette indulgence aux beautés, & montreroient avec justice beaucoup plus de sévérité envers des artistes qui ne compenseroient pas les mêmes défauts par un mirite égal, qui n’auroient pas le degré de talent qui fait pardonner le caprice, qui sortiroient d’une école où ils ont appris les convenances en même-temps que les règles de leur art, & qui vivroient dans un siécle de la facilité de s’instruire rend l’ignorance inexcusable.

Michel-Ange étoit loin d’être ignorant : aussi, malgré la science de ton dessin & la fierté de son ciseau, ne lui a-t on pas pardonné les défauts des convenances qu’il s’est permis, sans qu’ils pussent lui fournir aucune beauté particulière. On lui a justement reproché d’avoir introduit Caron & sa barque dans le tableau du jugement dernier : on a sévèrement condamné l’inconvenance de son Moyse à visage de bouc & vêtu comme un forçat. Ecoutons M. Falconet sur ce dernier ouvrage ; Mengs ne lui est pas plus favorable.

« Un héros, le législateur, le chef d’un peuple doit être représenté dans l’attitude la plus convenable à la grande idée qu’on s’en en est faite. Il doit avoir une action caractéristique,


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