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F O N Un fond devient piquant par le choix de la couleur du ciel & de l’instant du jour.

Il est frais, s’il représente le ton de l’air au matin ; il est chaud, si le coucher du soleil lui donne une couleur ardente.

Le fond pittoresque est celui dans lequel un choix ingénieux rassemble des objets favorables au peintre & agréable au spectateur.

Il faut dans certains sujets d’histoire des fonds riches : Ce choix convient à une partie des actions tirées de la fable ; à ceux que fournissent les histoires Asiatiques, aux triomphes, aux fêtes, &c.

La simplicité, l’austérité même, convient aux fonds des tableaux qui représentent les objets de notre culte. Il sont favorables aussi à la plupart des objets pathétiques. Rien ne doit détourner du l’intérêt qu’Ils font naître ; c’est à l’ame qu’il faut parler principalement.

Cependant toutes ces qualités différentes, que la raison & le goût distinguent, sont renfermées dans celle-ci : les fonds doivent être toujours convenables au sujet que l’on traite.

Voyez le mot FABRIQUE, dans l’explication duquel il y a plusieurs choses qui ont rapport au mot fond. (Article de M. Watelet.)

FOND. Ce terme a plusieurs acceptions en peinture.

On appelle fond la matière sur laquelle on fait le tableau : un fond de mur, de plâtre, de cuivre, de bois, de marbre, &c.

On nomme de même l’apprêt ou l’enduit imprimé sur ces matières. En ce sens, on dit un fond à l’huile, un fond à la colle, un fond blanc, gris, rouge, &c. Le mot fond alors est synonyme du mot impression.

Dire comment ces fonds ou impressions veulent être faits, quels sont les meilleurs, soit par rapport aux matières dont on doit les composer, soit eu égard à la teinte, quels ont été les usages des différentes écoles, quels sont ceux enfin qui conviennent aux différens sujets, aux divers genres, & à chaque espèce de peinture, ce sont des détails qui tiennent à la pratique, & seront mieux placés à l’article impression.

Fond pour la peinture propre au théâtre se dit quelquefois de la toile qui borne la scène & termine les coulisses.

Mais nous ne considererons ici le mot fond que relativement à l’art de peindre. Sous cette acception on peut examiner le fond du tableau dans toutes les parties de l’art ; savoir, par rapport à l’invention dans les compositions pittoresques & poëtiques, dans le coloris, dans l’effet, dans l’exécution, & même dans l’expression. Suivons donc le mot fond sous tous ces points de vue.

Soit que le peintre doive représenter un sujet grave, tragique ou plaisant soit qu’il traite une scène renfermée ou plein en air ; soit qu’entre les parties du jour il choisisse le matin ou le soir ou la nuit ; dans quelque lieu, dans quelque siècle que ses figures doivent être supposées, le fond de son tableau peut contribuer à lui donner le caractère le plus convenable.

L’artiste raisonnable le reconnoît dans le choix du fond. Veut-il peindre des solitaires au milieu de leurs rochers, il ne montre que des pins ou des chênes ; le ciel même est coupé de nuages fouettés & de masses tranchantes. Les rosiers, les myrthes doivent meubler une campagne habitée par la Déesse des Amours ou par de tendres Bergères ; alors des nuages légers annonceront la pureté de l’air qu’on y respire. Si l’artiste établit son action près d’une ville assiégée, il faut que par-tout l’herbe ait été foulée aux pieds des chevaux : montrer sur ce théâtre de désastres des arbres sur pied, des plantes vertes & fraîches, des prairies emmaillées, ce seroit une ineptie rebutante.

Un homme un peu instruit place Alexandre dans un temple orné des ordres de la Grèce, & Numa dans un lieu paré d’ornemens & de statues d’un genre étrusque ; les derniers Empereurs & nos premiers Rois habitoient l’architecture dégradée du bas empire, on doit les y placer ; & ceux du huitième ou dixième siècle habiteront des palais d’une architecture gothique. Enfin le fond doit contribuer, comme tout le reste de l’ouvrage, à soutenir le caractère du sujet.

…servetur ad imum
Qualis ab incepto processerit…

Horace, Art. Poët.

Le peintre fera donc des fonds propres à ses acteurs avec autant d’exactitude & plus de recherche qu’on n’en met communément sur les théâtres.

Le fond n’est pas seulement ce qui se voit derrière les figures, ni le dernier plan de la composition ; souvent il entrecoupe la scène & la devance, il anime le sujet, lui donne du repos, & en indique ses plans.

Mais si par rapport à ce que la raison & la convenance exigent du peintre, les loix de l’art sont connues : si elles ont certaines limites, on n’en admet point pour la composition pittoresque. Comme dans toutes les parties de l’art, on ne peut à cet égard désigner le mieux possible, la tâche du peintre est de le faire sentir.

La théorie sur les fonds se borne à quelques principes généraux : par exemple, la composition du fond doit contraster avec les figures & les mettre en valeur ; c’est-à-dire, que si le plan général de la disposition des figures est parallèle au bord du tableau, il faut que le plan du fond soit circulaire ou triangulaire ; & au contraire si le plan des figures est tourmenté,